Home Accueil CENTRAFRIQUE – SOCIÉTÉ : Des valeurs séculaire pour bâtir la paix entre les communautés

CENTRAFRIQUE – SOCIÉTÉ : Des valeurs séculaire pour bâtir la paix entre les communautés

Date de publication : novembre 23, 2024
0

 

La République centrafricaine à un mode de règlement pacifique des conflits. Ce mode lui est propre, non documenté mais se transmet de génération en génération. Il a résisté à toutes les tentations et explique enfin comment le pays entre facilement dans la résilience après les conflits au relent communautaire que le pays a traversés.

 

Après la guerre civile qui a détruit les fondamentaux de son vivre ensemble et son tissu économique et social, le pays cherche toujours à retisser les liens de paix durable et du vivre ensemble. Pour y arriver, le pays peut espérer sur l’existant qui a fait ses preuves notamment dans les alliances entre les communautés.

 

Par exemple les groupes ethniques du nord-est (Goulas, Roungas et Banda Ndélé) berceaux de la Séléka, cette coalition des rebelles qui a renversé le general président François Bozizé en 2013 ne s’affrontent pas aux groupes communautaires du sud-est (Zandé, Nzakara). Dans le sud-ouest par exemple, les Ngbaka et les Mbati ont eux aussi leur alliance. Ces pactes de non-agression sont et demeurent respectés.

 

Au bénéfice de ces valeurs, le pays qui a adopté une nouvelle constitution a supprimé le conseil national de médiation. En revanche, la constitution accorde une place particulière aux sultanats, un clin d’œil aux valeurs traditionnelles.

 

Dans ces valeurs nous trouvons une mine de code pouvant bâtir la paix.

 

Si les instruments conventionnels de résolution de conflit pour parvenir à la paix montrent leur limite, en Centrafrique certaines ethnies ont depuis longtemps des alliances qui ne leurs ont pas permis de s’affronter même au plus fort de la crise que le pays a connue depuis 2012. Herbert Djono Ahaba, est ministre des Transports et ancien chef de guerre de la Séléka. Il connaît bien ces alliances et pour lui elles sont bénéfiques.

 

« Ce sont des liens séculaires, culturels et historiques compte tenu des circonstances de l’époque pour éviter des affrontements et créer des alliances; être ensemble et être fort; vous savez dans la communauté on est fort lorsqu’on est ensemble et je pense que c’était à l’époque de nos aïeux une alliance bénéfique qui fait que ces communautés sont ensemble. Il y a un pacte de non-agression et ce sont des valeurs si importantes que je pense qu’aujourd’hui on peut le développer d’une autre manière ».

 

Développer voilà une ambition car le contenu de ses alliances n’est pas documenté. Cyrille Wegue est journaliste, il est de l’ethnie opposé à Djono Ahaba. Il n’a pas eu accès aux écrits qui énoncent les prescriptions ou interdictions mais il sait qu’il doit respecter ses alliés.

 

« Mes parents m’ont légué ces valeurs. Par exemple, nous les Nzakaras on observe ces pratiques. Avec ceux-là, je n’ai pas le droit de les agresser par exemple. Et si je vis avec une femme de cette ethnie-là, je dois la respecter en ce sens qu’à chaque période de menstruations, je vais faire des rites pour compenser le sang versé. Je ne dois pas voir le sang de mes alliés. Pour des cas de deuil quand un Nzakara décède ou un Zandé, et bien les Banda Ndélé débarquent pour revendiquer leur droit et nous sommes tenus de leur donner par exemple un présent du genre cabris, poulets ».

 

Pour Théophile Ndima, enseignant chercheur à l’université de Bangui, plusieurs facteurs dont le peuplement de la RCA expliquent ces alliances de sang.

 

« A partir du 18e-19e siècle, les populations étaient en plein mouvement par rapport au problème de la traite esclavagiste. Le problème de Ousman Dan Fodio qui refoulait une catégorie de population du côté ouest de l’Afrique, les gens étaient en débandade totale pour chercher des lieux de refuge.

 

C’est pourquoi les contacts entre les différents groupes ethniques à l’époque étaient un sujet de conflit. Pour y mettre fin, eux mêmes ont créé des mécanismes à ces différents affrontements. Il s’agit des alliances de sang. Il y a la zone de haut- Oubangui où il y’ avait des alliances de sang entre les Banda Ndélé et les Nzakara et Zandé. Cette alliance a permis aux éléments de Senoussi et les Nzakara, Zandé d’asseoir la paix, de vivre ensemble et promouvoir la cohésion sociale entre eux ».

 

Mais il n’y a pas que cette zone du nord. Dans le sud du pays par exemple, il existe ce mécanisme entre les Ngbaka et les Mbati. Une richesse culturelle sur laquelle le pays peut compter pour bâtir une paix durable.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Les plus lus