L’influence de la Russie en Afrique alimente la désinformation et la manipulation de l’opinion. Tentative de remise en question de la démocratie. Au cœur de cette guerre médiatique entre les deux blocs, la crédibilité des médias. Cette guerre atteint son apogée à la suite d’ une parution de l’enquête de Jeune Afrique sur la mobilisation des troupes en Afrique via les mercenaires de Africa Corps ex Wagner, notamment en République centrafricaine pour combattre en faveur de la Russie.
Tant et si vrai que la Corée du Nord a envoyé des troupes pour combattre sur le front ukrainien, l’article du Jeune Afrique sur un réseau de mobilisation des troupes dans les cellules de prison à Bangui a fait réagir.
D’abord le gouvernement centrafricain qui s’interroge par la voix du ministre porte-parole du gouvernement Maxime Balalou. « La Russie est une puissance militaire avec un effectif assez considérable. Elle n’a pas recruté ici chez nous et cet article est dénué de tout fondement » a-t-il rejeté.
Mais d’ores et déjà, des jeunes désœuvrés et même certains militaires formés par les paramilitaires russes ont exprimé en 2022 leur désir de combattre en faveur de la Russie.
Mais il n’y a pas que le gouvernement centrafricain, les pays du Sahel qui ont boudé la France et fait allégeance à la Russie n’ont pas manqué de réagir qualifiant de Fake News l’article de Jeune Afrique sous la plume de Almoctar Cissé du Niger. Et celui-ci de conclure « Compte tenu de tout ce qui précède, il ne fait aucun doute que l’article sur le témoignage d’Alain, prétendument recruté par le groupe Wagner, est le fruit de l’imagination du journaliste français Mathieu Olivier, que l’on peut difficilement qualifier de journaliste ».
Dans les pays où interviennent les Russes, les médias et les voix critiques sont mis au pas. En 2018 par exemple, trois journalistes russes ont été tués sur le territoire centrafricain par les mercenaires du groupe Wagner sans aucune forme de procès et les autorités n’ont pas fait la lumière sur les circonstances de la mort de ces derniers jusqu’aujourd’hui.
Des médias de propagande russe sont montés de toutes pièces en Centrafrique. Au Mali l’opposition est réduite en silence. L’Imam Diko en a appris à ses dépens face au régime militaire renforcé par la présence russe.
Au Burkina Faso toutes les voix critiques sont étouffées ou mobilisées pour le front. Les professionnels doivent désormais se réinventer pour donner des informations justes.
La désinformation
« Nous assistons à une scène de réciprocité dans la désinformation. Les Russes ont certes une longueur d’avance sur les autres. Mais aussi la présentation de la Russie quand les Européens cherchent absolument à présenter la Russie comme le mal absolu n’est pas juste. Le comble dans tout cela c’est le métier du journaliste qui meurt puisqu’avec le temps, personne n’accordera du crédit au métier si noble et respecté » a indiqué à Gavroche RCA Antoine Berret, activiste de la société civile.
Dans les cas de désinformation, la guerre de chapelle entame désormais le sérieux de certains médias dans le traitement des informations polluant ainsi l’écosystème informationnel. En Centrafrique l’orientation des autorités vers le bloc de l’est a suscité une vague dans les médias citoyens foulant ainsi au pied les principes qui gouvernent le métier. Comble de l’histoire, le retour au bon sentiment entre Bangui et Paris a changé radicalement les lignes éditoriales des médias hostiles à la France et aux occidentaux, ce qui explique l’échantillon de la manipulation.