Face à des pertes financières croissantes, le gouvernement camerounais prévoit une réévaluation des subventions accordées aux entreprises publiques, reliant leur financement à la performance et introduisant des rapports annuels pour accroître la transparence et la responsabilité dans leur gestion.

Au Cameroun, un nombre considérable d’entreprises publiques fonctionnent aujourd’hui à perte, ce qui contraint l’État, en tant qu’actionnaire majoritaire, à envisager des solutions telles que la recapitalisation, la privatisation, ou même la faillite de certaines d’entre elles.

Face à des contraintes budgétaires de plus en plus sévères, le président de la République a pris l’initiative de clarifier la gestion de ces entités. Dans une circulaire concernant la préparation du budget de l’État pour 2025, il a souligné que les subventions de fonctionnement accordées aux établissements publics devraient être évaluées rigoureusement, en tenant compte des besoins réels ainsi que de l’historique budgétaire.

Les ministres responsables sont également invités à fournir un rapport annuel sur la situation des entreprises sous leur tutelle, témoignant d’une volonté d’accroître la transparence et la responsabilité.

Cette nouvelle stratégie indique un changement significatif dans la façon dont les subventions sont justifiées, qui ne dépendront plus uniquement de la mission de service public de ces entités, mais également de leur performance. Selon certains experts, ces subventions peuvent être ajustées en fonction des résultats obtenus, qu’elles soient maintenues, augmentées ou réduites.

Depuis deux ans, le gouvernement a également opté pour des contrats de performance pour les entreprises publiques, bien que l’évaluation de ces contrats soit encore en cours. Cela témoigne d’une volonté d’inciter les entreprises à améliorer leur efficacité à travers une pression accrue exercée tant sur les ministres que sur la direction générale de ces entités.

La Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR) a signalé qu’en 2022, plusieurs entreprises publiques, telles que Camwater, Camtel et Sodecoton, affichaient un « risque élevé d’endettement ». Par ailleurs, le Document de programmation économique et budgétaire 2025-2027 indique que la situation précaire de certaines de ces entreprises constitue un des principaux risques pour l’atteinte des prévisions budgétaires. Selon le rapport sur les concours financiers de l’État, annexé à la loi de finances initiale pour 2024, un besoin de recapitalisation de 15 entreprises a été estimé à 398,1 milliards de francs CFA.

Ces entreprises, dont la CDC et Sonara, ont enregistré des pertes cumulées atteignant 318,4 milliards de francs CFA en 2022, ce qui soulève d’importantes questions sur la viabilité de leur modèle économique face à des défis financiers croissants.