Face à la conquête du marché africain par la Chine ou encore l’Inde, les entreprises nationales parfois dépourvues de moyens développent d’autres stratégies pour s’imposer sur le marché. C’est le cas en Centrafrique où LEGE Engennering fait des études mais des réalisations. Ce centre promeut des entrepreneurs locaux dans des domaines variés tels que les BTP, les mines et géologies ainsi que l’environnement. Un package de services que découvre la population mais aussi les élèves et étudiants grâce à ses journées portes-ouvertes à Bangui.
Pour contourner les difficultés axées essentiellement sur l’expertise chinoise, les entreprises nationales doivent se rendre à l’évidence qu’elles ont leur part de marché mais pour s’imposer en donneur d’emploi, il faut investir et faire des innovations.
Au laboratoire géotechnique de LEGE Engenneering, après deux ans d’expérience, Ulrich Ebong Wandia ingénieur et assistant sondeur réalise son importance dans un secteur où les entreprises nationales répondent le moins.
« Ça c’est une foreuse qui nous permet de faire le prélèvement intact des échantillons de sol. Si je dis remanier c’est-à-dire par abattage et il y a d’autres essais accompagnés de ce qui s’appelle le pression mètre. Le volume de contrôle de la pression permet de déterminer la déformation du sol avant de pouvoir dimensionner la fondation ».
Donc c’est avec cette machine que vous faites le forage c’est ça ?
« Bon pas précisément mais pour alimenter en eau. Pour les fondations des sols, fondations profondes et fondations superficielles ».
Et pour les bâtiments ?
« Oui pour les bâtiments, les ponts et il y a les caisses des échantillons déjà prélevés sur certains sites qui sont déposés là ».
Mais les défis sont immenses. Si le marché est plus compétitif, il est néanmoins absorbé par les entreprises chinoises. Les entreprises nationales ne désarment pas et pour Josepha Songomali la solution réside d’abord et avant tout dans la qualité des services, laquelle accroît le crédit de confiance.
« Les ambitions du bureau d’étude vont se résumer en une phrase. Etre un bureau d’étude de référence. Il faut pouvoir faire de sorte que quoiqu’on fasse, quoique l’on projette, qu’on parte de données fiables, des données exactes. Ni à peu près, ni tâtonnement. On fait sur la base des données qui ont été analysées par la mission, les ingénieurs parce que l’expertise, elle est là pour ça ».
Ce qui manque énormément à la RCA et pour lequel le pays a tendance à importer.
« C’est un fait et c’est justement parce que c’est un fait qu’il faut pouvoir être là pour apporter les solutions. Nous constatons, nous le déplorons mais nous sommes aussi satisfaits parce qu’il n’ y a que lorsque vous ne vous sentez pas bien que vous comprenez la valeur de votre santé. Il nous manque des compétences alors qu’est-ce qu’on va faire ? On ne va pas combler. On va asseoir le simple fait qu’il n’y a rien qui nous manque. D’abord la volonté, la force, la détermination de dire qu’on peut le faire ».
Pour inverser la tendance et s’affranchir des habitudes tendant à reléguer en arrière-plan les entreprises nationales, LEGE Engennering ouvre ses portes au public. Objectif: faire connaître ses services d’une part au public et d’autre part susciter chez les élèves et étudiants la vocation à devenir ingénieur.
Occasion pour les ingénieurs d’aider les particuliers dans leur choix de bâtir selon les normes.
« Vous ne pouvez pas venir construire dans la zone d’emprise avec des matériaux provisoires et vous attendez qu’on vienne vous rembourser. C’est celui qui a construit en dur comme on le dit vulgairement et là, il a un titre foncier si nous nous rendons compte et que les gens sachent qu’il y a une emprise administrative. Elle est généralement délimitée par des poteaux électriques. Si vous venez faire votre maison au-delà du poteau électrique pour que le poteau électrique se trouve dans votre concession soyons sûr, on va vous démolir et vous ne serez pas dédommagé. Parce que vous êtes dans l’emprise ».
Des arguments qui ont convaincu Dr Kurq maître de conférence à l’université de Columbia aux Etats Unis présent à cette porte-ouverte.
« Je n’ai jamais vu ça depuis que je suis arrivé ici à Bangui. C’est la première fois que j’ai vu la porte-ouverte en matière d’infrastructure et en matière d’étude économique et sociale et en matière environnementale. C’est quelque chose qui doit aller plus loin et qu’on donne les marchés à LEGE ».
Si la crise sanitaire de Covid-19 montre les limites des entreprises étrangères, le gouvernement s’est montré très regardant dans la promotion des entreprises nationales en leur donnant l’accès à la charte d’investissement. Un coup de pouce important selon Christian Pépin Mbali, gérant de LEGE.
« Le gouvernement nous sollicite dans le domaine des infrastructures, précisément le ministère de l’équipement et travaux publics. On a fait des grands projets pour leur permettre de chercher des financements. Et c’est nous qui avons fait l’étude des voiries de Bangui. Et c’est grâce à ça que le gouvernement a décroché un financement. Nous avons le ministère des transports avec qui nous travaillons sur le projet de la Banque mondiale. Il y a le ministère des Mines qui nous sollicite pour la prospection ».
Entre la mesure protectionniste des entreprises nationales prônée par le gouvernement et les défis d’investissement pour les services de qualité et les entreprises nationales ont du chemin à faire.