Depuis 2023 à ce jour, la République Centrafricaine traverse une crise née de l’octroi par le ministre de l’énergie du monopole d’importation des produits pétroliers à la société camerounaise Neptune Oil. Ce choix fait dans dans des conditions d’opacité et en violation de la loi en la matière selon la société civile qui a dénoncé dans un rapport des pratiques mafieuses dans ce secteur. Le document signale aussi que le Fonds monétaire international (FMI) a recommandé à l’Etat de clarifier sa politique en respectant les dispositions de la loi en vigueur.
En mission à Bangui pour conclure la facilité élargie de crédit, le FMI n’a pas accordé comme prévu cette facilité élargie de crédit, conséquence logique de l’inobservation des directives qu’il a édictées au gouvernement.
En réaction à cette situation dans laquelle il est mis en cause, Arthur Bertrand Piri, ministre centrafricain de l’Energie et de l’hydraulique met en avant une position ambiguë tendant à justifier son choix en faveur de la société Neptune S.a à qui il a accordé l’exclusivité de l’importation des produits pétroliers au détriment de Tamoil.
« C’est Tamoil qui a amené Neptune et nous l’avons interrogé pour savoir quelle est sa surface financière pour reprendre 60 à 70% du marché national, son plan de relance du secteur et son expérience en matière dans le domaine du pétrole. Je puis vous dire que Tamoil n’a pas d’agrément et en succédant à Total, il n’a pas les moyens d’absorber le passif de cette société qui s’élève à 8 milliards » a-t-il indiqué à Gavroche RCA.
Mais ces propos ne correspondent pas à la réalité sur le terrain. Malgré la réquisition de ses stations, Tamoil n’a pas non seulement procédé à la compression du personnel mais a continué à lui verser les salaires. Mieux, même les banques de la place à qui le ministre Piri a ecrit pour leur demander de ne point accorder des facilités de crédit à Tamoil ont néanmoins marqué leur disposition à conclure avec Tamoil un moratoire d’apurement des dettes laissées par Total. En depit de tout cela, Arthur Bertrand Piri persiste et accuse Tamoil de déstabilisation du pouvoir en place et le FMI de complicité avec la société civile. Et le ministre Piri d’ajouter :
« Un matin on se lève, Tamoil a fermé toutes ses stations arguant qu’elle est en difficulté avec son associé Neptune et qu’elle lui doit 2 milliards. Quand j’ai signé la première réquisition et en prenant possession des stations, on s’est rendu compte que Tamoil a suffisamment de carburant dans ses soutes. C’est une tentative de déstabilisation des institutions » a fait savoir à Gavroche RCA le ministre Bertrand Arthur Piri.
Le Fonds Monétaire International qui a pourtant déjà alerté le gouvernement en 2023 sans être suivi, est néamoins aussi accusé par Arthur Bertrand Piri de travailler en intelligence avec la société civile.
« Dans ce secteur, le FMI avait quinze repères que la République Centrafricaine devait respecter dans le domaine des hydrocarbures. Nous avons tout respecté sauf le dernier point qui concerne la structure des prix. Le FMI est en train de demander des informations au niveau de la comptabilité de Neptune, remettant en cause une convention signée par un Etat. Est-ce le rôle du FMI ? Le chiffre avancé par la société civile, un représentant du FMI l’a déjà évoqué dans une réunion avec nous. Il y a donc comme une entente entre l’opposition démocratique et le FMI autour de cette affaire » a-t-il lâché.
Cette affaire Tamoil est désormais entre les mains de la justice qui doit se prononcer entre autre, sur le caractère illégal de la convention signée par le ministre Piri pour accorder l’exclusivité des importations de produits pétroliers à la société Neptune. Attendons de voir.