Un diamant de 177,95 carats a été présenté à Bangui, la capitale de la République centrafricaine, le 22 janvier 2025. Le président de la République, Faustin Archange Touadéra, s’est rendu au Bureau d’Évaluation et de Contrôle du diamant et de l’or (BECDOR), qui se trouve à proximité immédiate de la présidence, afin d’examiner le diamant en question.
Une image de Faustin-Archange Touadéra tenant le diamant dit « exceptionnel » a fait le tour des réseaux sociaux. Qui a découvert ce gros diamant ? Cette pierre précieuse vient d’un village situé à 12 km de Nzako précisément à Yangou-Ouda sur l’axe Nzako-Bria. C’est l’un des mineurs artisanaux qui l’a trouvé.
Étant donné sa valeur, le précieux diamant a été acheminé à Bangui, au BECDOR pour une évaluation avant d’être dévoilé aux médias. Depuis le 22 janvier 2025, jusqu’à l’heure où nous écrivons cet article, l’identité de la personne qui a découvert ce diamant n’a jamais été dévoilée publiquement. Peut-être pour des motifs de sûreté ? Combien il vaut ? C’est une autre interrogation pour les citoyens de la Centrafrique.
L’État centrafricain a déjà la maîtrise du diamant. Bien sûr, la personne qui l’a découvert et ceux qui ont veillé sur ce diamant jusqu’à son acheminement à Bangui seront récompensés. Mais quel serait le prix en argent de ce diamant exceptionnel ? Quelle est sa valeur ? Est-ce que les bénéfices financiers post-vente vont profiter à la population de Nzako ? L’instabilité et la précarité à Nzako Nzako, qui a subi des crimes et de graves atteintes aux droits humains, reste toujours isolée plus de huit ans après le rétablissement de l’ordre constitutionnel en RCA.
L’importance de cette région a été mise en lumière aujourd’hui avec la découverte d’un diamant de 177,95 carats, attirant l’attention des autorités nationales, y compris celle du président de la République. La population de Nzako est abandonnée. Elle vit dans une pauvreté sévère malgré la richesse de son sous-sol. Insuffisance des infrastructures sociales fondamentales de qualité. Cette zone, quasiment impraticable par voie routière, ne semble pas susciter l’inquiétude des dirigeants du pays en raison de l’absence d’infrastructures administratives appropriées.
Il n’y a pas de base militaire pour les Forces Armées Centrafricaines (FACA) qui sont déployées dans cette région du pays. Ces soldats qui sont envoyés dans cette localité depuis mars 2023, peinent a être remplacés. Les retombées financières des ressources minérales et forestières ne sont pas au bénéfice de la population. En Centrafrique, la population autochtone ne bénéficie pas des retombées financières issues de l’extraction et du commerce des ressources minières, voilà tout le paradoxe.
Le pays regorge de diamants, d’or, de pétrole, d’uranium et même de bois. Cependant, ses habitants comptent parmi les populations les plus démunies à l’échelle mondiale. La plupart des autorisations d’exploration et d’exploitation ne sont accordées qu’aux étrangers. Ces derniers jours, de nombreuses voix se sont exprimées pour exiger qu’une partie des bénéfices issus de la revente de ce diamant à l’étranger soit allouée à un fonds consacré au développement du pays.