Le Fonds Monétaire International (FMI) s’alarme des conséquences que la guerre au Soudan pourrait avoir sur ses voisins. Si le Tchad et la Centrafrique accueillent déjà un nombre conséquent de réfugiés, ils ne seront pas le seul à souffrir du poids humanitaire de la crise qui oppose les forces loyalistes aux forces rebelles du FSR.
Dans un contexte mondialement instable avec la guerre en Ukraine, le conflit dans la bande de Gaza et ses conséquences au Proche Orient, la guerre au Soudan risque de causer de lourds dommages économiques dans les pays limitrophes a alerté la directrice adjointe du département Afrique au Fonds monétaire international (FMI) Catherine Pattillo, selon l’AFP.
“Ce qui se passe au Soudan est déchirant et dévastateur pour le peuple soudanais. Pour tous les pays voisins également”, a affirmé Mme Pattillo avant d’ajouter que
“Nombre de ces pays voisins sont déjà fragiles et ont leur propres défis à relever. Désormais ils sont confrontés à un afflux de réfugiés, à des enjeux sécuritaires, à des difficultés en matière de commerce, ce qui représente un véritable défi pour leur croissance”, a-t-elle poursuivi.
Cités dans le rapport du FMI présentant les prévisions économiques de l’institution de Washington pour le continent, la République centrafricaine, le Tchad, l’Érythrée, l’Éthiopie et le Soudan du Sud, pourraient particulièrement souffrir de la situation.
Au centre de préoccupation au Soudan du Sud l’Oléoduc pour ce pays qui dépend essentiellement du pétrole pourrait connaitre le marasme économique si la situation perdure.
D’abord pour le Soudan du Sud la situation est devenue particulièrement préoccupante à la suite de la perte en février d’une de ses principales sources de revenus après qu’un oléoduc lui permettant d’exporter son pétrole a été endommagé.
Cet oléoduc est crucial pour le transport du pétrole brut du Soudan du Sud vers l’étranger, le pétrole représentant environ 90% des exportations de ce pays enclavé.
« La guerre au Soudan fait rage depuis avril 2023 entre l’armée, menée par le général Abdel Fattah al-Burhan, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le général Mohammed Hamdane Daglo.
Ce conflit a fait des dizaines de milliers de morts selon l’ONU. Plus de 10,7 millions de personnes ont été déplacées à travers le pays et 2,3 millions d’autres ont dû fuir vers les pays voisins.
La famine a été déclarée en juillet dans le camp de Zamzam près de la ville d’el-Facher, au Darfour » a rapporté l’AFP.
“Il s’agit là des conflits internes” en Afrique, a relevé Mme Pattillo, citant aussi “les problèmes de sécurité dans les pays du Sahel, affectant également la croissance parmi certains de leurs voisins. Les conflits à l’international ont bouleversé les chaînes d’approvisionnement et engendré une forte inflation alimentaire et énergétique partout dans le monde. Les pays voisins du Soudan ne sont pas épargnés » note le FMI dans son rapport.
Les mesures et les risques protectionnistes sont aussi présentés dans le rapport comme une pression à la baisse sur la croissance continentale. Alors que les tensions commerciales notamment entre la Chine et les Etats Unis rythment la campagne entre démocrate et républicain aux Etats Unis se traduisant par des hausses de tarifs douaniers notamment entre les trois plus puissants blocs mondiaux, les Etats-Unis, l’Europe et la Chine sans oublier l’inde de par son poids démographique, la récession observée parmi les pays développés et en Chine représente encore un défi important pour les pays africains, ajoute le FMI qui prévoit une croissance de 4,2% l’an prochain, soit un peu mieux qu’en 2024 où elle est attendue à 3,6%.
Cependant les pays voisins qui se sont déjà réunis pour évoquer les conséquences de la guerre au Soudan espèrent voir les parties en conflit s’accorder pour la paix car de cette paix dépend l’économie de toute la région.