Plusieurs partis politiques menacent de boycotter les élections législatives et locales qui se tiendront en décembre.
Le principal parti de l’opposition au Tchad, le Parti de l’opposition unie (POU), ainsi qu’une quinzaine d’autres formations politiques, exprime des doutes sur leur participation aux élections législatives et locales prévues le 29 décembre. Ils menacent de boycotter ces élections si certaines de leurs exigences ne sont pas satisfaites, comme la révision du fichier électoral, un dialogue avec le président, et des garanties concernant l’intégrité des résultats. Cette méfiance s’inscrit dans un contexte politique tendu, exacerbé par les violences qui ont marqué les récentes élections présidentielles, où Mahamat Idriss Deby a accédé au pouvoir après la mort d’Idriss Déby Itno. Human Rights Watch a signalé que des répressions violentes ont été menées contre les manifestations pacifiques de l’opposition, renforçant le sentiment d’insécurité et de méfiance au sein de la population.
Les dirigeants de l’opposition, tels que Succès Masra, estiment que leur menace de boycott pourrait nuire à la légitimité du gouvernement. Pourtant, cette approche semble peu susceptible d’affecter Mahamat Deby, qui a réussi à se stabiliser au pouvoir et à construire une base solide en trois ans. Des experts soutiennent que, même si des voix s’élèvent contre lui, le président a déjà établi une majorité au sein du parlement et dispose de moyens suffisants pour contrôler le processus électoral. Un rapport de la Fédération internationale des droits de l’homme souligne que le système institutionnel favorise le pouvoir exécutif, rendant difficile toute véritable contestation venant de l’opposition.
Enfin, il est possible que certains membres de l’opposition, malgré leurs déclarations actuelles, envisagent de se rapprocher du régime pour obtenir des avantages politiques dans le futur. La politique tchadienne est souvent marquée par le changement d’allégeance, et il n’est pas rare que des opposants adoptent des positions favorables au pouvoir lorsque cela leur semble bénéfique.
Ainsi, même si un boycott se concrétise, cela ne remettra pas en question la légitimité de Mahamat Idriss Deby, qui pourrait sortir de cette situation renforcé, tandis que les véritables aspirations démocratiques du Tchad continueraient à être bafouées dans un environnement politique toujours gangrené par le clientélisme et la corruption.