Le 23 septembre 2023, lors de la troisième session du Comité de politique monétaire (CPM), Yvon Sana Bangui, gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), a réaffirmé son engagement à réduire le taux d’inflation de la zone Cemac à 3 % d’ici 2025.
Cette ambition repose sur une politique monétaire stricte, ciblant la stabilisation des prix dans une région comprenant le Cameroun, le Congo, le Gabon, la République centrafricaine, la Guinée Équatoriale et le Tchad. Des experts en économie notent que cette initiative est cruciale pour restaurer la confiance des investisseurs et assurer une croissance durable. En effet, le taux d’inflation dans la région a été historiquement volatile, atteignant parfois des chiffres alarmants, ce qui menace la stabilité économique des ménages. Selon le Fonds monétaire international (FMI), le manque de contrôle sur l’inflation pourrait nuire gravement à la qualité de vie des populations, déjà éprouvées par divers crises.
Pour atteindre cet objectif ambitieux, la Beac adopte une politique monétaire restrictive, se traduisant par le maintien des taux directeurs pour la sixième fois en deux ans – fixés à 5 % pour les appels d’offres et 6,75 % pour les facilités de prêt marginal. Cette décision est d’autant plus pertinente que, selon les dernières enquêtes des entreprises, la pression inflationniste demeure forte, accentuée par des comportements spéculatifs sur les prix de denrées alimentaires essentielles. La stratégie de la Beac contraste avec celle de grandes banques centrales, telles que la Réserve fédérale américaine (FED) et la Banque centrale européenne (BCE), qui ont opté pour des politiques monétaires accommodantes afin de stimuler la croissance post-COVID-19. En zone Cemac, la priorité est donc à la lutte contre l’inflation, malgré les risques d’un ralentissement économique.
Cependant, cette politique d’austérité monétaire soulève des préoccupations quant à son impact sur la croissance économique de la région. Limiter l’accès au crédit risque de ralentir les investissements, un enjeu majeur dans une région où l’économie repose sur des secteurs sensibles aux fluctuations des matières premières. Selon les rapports de la Banque africaine de développement (BAD), un accès restreint au financement peut inhiber l’innovation et l’expansion des entreprises, retardant ainsi la reprise économique post-pandémique. Pour équilibrer ces enjeux, la Beac devra naviguer habilement entre la nécessité de stabiliser les prix et le soutien à l’investissement. Si cette stratégie est bien exécutée, les ménages de la sous-région pourraient, à terme, bénéficier d’une atténuation significative de la pression inflationniste, offrant un répit bienvenu à une population qui souffre déjà des effets exacerbés de la hausse du coût de la vie.