Home Accueil CENTRAFRIQUE – NATIONS UNIES : La MINUSCA dix ans après, la confiance et les obstacles

CENTRAFRIQUE – NATIONS UNIES : La MINUSCA dix ans après, la confiance et les obstacles

Date de publication : septembre 17, 2024
0

 

Le 15 septembre 2014, la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA) a été transformée en opération de maintien de la paix des Nations Unies en République centrafricaine avec un nom de baptême, MINUSCA, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique. Les bérets verts de la MISCA ont été remplacés par les bérets bleus des Nations Unies. Le mandat du Bureau intégré des Nations Unies en Centrafrique (BINUCA) a été renforcé et modifié par la Résolution 2121 (2013) du Conseil de Sécurité de l’ONU.

 

10 ans déjà que les casques bleus de la MINUSCA sont sur le terrain à Bangui et en provinces pour restaurer la paix et la stabilité. Les années passent si vite mais le bilan est mitigé pour la mission onusienne qui a montré ses limites conformément à son mandat incompris par la population civile et par certaines autorités politiques y compris la société civile.

 

Sur le plan sécuritaire, avec plus de 10 mille militaires bien équipés, la MINUSCA a fait de son mieux et continue de le faire pour rétablir la paix « sur mesure » dans le pays. De Bangui, en passant par Bambari, Bria, Bossangoa, Kaga-Bandoro, Bangassou, Ndele, Birao et Obo…

 

Pendant la moitié voire plus du mandat de la MINUSCA, les groupes armés ont exercé leur pouvoir en occupant des grandes villes, restreignant ainsi la liberté des populations civiles.

 

De nombreux Centrafricains ont passé trois voire cinq ans ou plus dans des camps de déplacés, comme à Bangui (centre Saint Jean 23 et aéroport Bangui M’poko), Bria (camp du PK3, qui existe encore aujourd’hui), Kaga-Bandoro (cathédrale Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus), Bambari, Bangassou (camp cathédrale Saint Pierre Claver) pour citer quelques exemples.

 

Certains groupes armés (ex seleka) sont soupçonnés de collaborer avec des casques bleus qui leur fourniraient des armes pour lutter contre la milice anti-balaka. Les habitants ont exprimé leur frustration face à cette incapacité de la MINUSCA à empêcher les groupes armés de s’attaquer aux populations civiles.

 

En mars 2016, le retour à la normalité et à la constitutionnalité n’a pas donné aux populations civiles la possibilité de retrouver entièrement leur liberté. Chaque représentant spécifique du secrétaire général de l’ONU en Centrafrique a défendu son mandat, mais n’a pas réussi à persuader le peuple des capacités de la force onusienne à mettre en échec les groupes armés.

 

Deux ans après son arrivée, Mme Valentine Rugwabiza, l’actuelle Représentante Spéciale, semble être celle qui a réussi à rétablir la confiance entre les casques bleus et les populations civiles.

 

Les attaques envers les casques bleus sur les réseaux sociaux ont diminué, à la différence des années précédentes où des manifestations étaient fréquentes contre la MINUSCA afin de dénoncer ses limites face aux groupes armés qui ont causé tant de souffrances aux populations civiles centrafricaines. La situation sécuritaire s’améliore, selon les localités,
Les forces armées continuent de perturber dans des endroits très éloignés où les casques bleus ou les FACA et leurs alliés du groupe Wagner ne peuvent pas intervenir rapidement pour tenter de faire face à la situation.

 

Presque tous les mandats de la MINUSCA sont similaires (Résolution 2121 jusqu’à la Résolution 2709), mais renforcés afin de donner de la crédibilité et de la visibilité aux casques bleus. L’exécution des tâches prioritaires, telles que la protection des civils, n’est pas complète. À cet égard, le Conseil de sécurité rappelle de manière insistante à travers ses différentes résolutions portant mandat de la MINUSCA, y compris la Résolution 2709, que « l’exécution effective des mandats de maintien de la paix relève de la responsabilité de toutes les parties prenantes » (extrait discours Mme Valentine Rugwabiza au séminaire d’information sur la Résolution 2709, le 8 décembre 2023).

 

Selon le citoyen centrafricain, il est impératif que la MINUSCA intervienne immédiatement en cas d’attaque de groupes armés, sans attendre un ordre direct. C’est là que les populations civiles, les politiciens, les organisations de la société civile et la MINUSCA souffrent d’une incompréhension.

 

En dépit de certaines contraintes sécuritaires, la MINUSCA s’est imposée en 10 ans de présence en Centrafrique comme le principal partenaire qui a facilité le redéploiement de l’autorité de l’État dans des zones où l’accès est particulier.

 

La reconstruction des édifices administratifs détruits, l’assistance logistique et financière aux élections (2016 et 2020-2021, élections locales 2025), le dialogue entre le pouvoir et les groupes armés qui a conduit à la signature de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (6 février 2019), le dialogue républicain (mars 2022), l’appui à la formation des forces de sécurité intérieures (police et gendarmerie), l’aide aux médias et aux organisations de la société civile, la liste des initiatives positives est longue.

 

Les obstacles demeurent considérables pour la MINUSCA afin d’atteindre ses objectifs, en particulier en ce qui concerne la sécurité, grâce à l’appui du gouvernement centrafricain, qui a la responsabilité principale de protéger les populations civiles. La levée de l’embargo sur les armes en République centrafricaine est une occasion idéale pour permettre au gouvernement de prendre ses responsabilités et aux forces armées centrafricaines d’être plus efficaces et professionnelles sur le terrain, suite à de nombreuses formations reçues auprès des partenaires de la RCA (France, Union européenne, Chine, États-Unis, Rwanda, Russie et groupe Wagner, etc.)

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Les plus lus