N’Djamena gèle l’octroi de visas aux citoyens américains, dénonçant un traitement inéquitable et affirmant sa dignité nationale.
Le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno a annoncé la suspension de l’octroi de visas aux citoyens américains, invoquant une mesure de réciprocité face aux traitements jugés inéquitables à l’encontre des ressortissants tchadiens. Dans une déclaration publique, le chef de l’État a affirmé que le Tchad « n’a ni avions à offrir, ni milliards à distribuer », mais qu’il possède une dignité et une souveraineté « non-négociables ». Cette décision, hautement symbolique, intervient dans un contexte où plusieurs nations africaines réévaluent leurs relations avec les puissances occidentales, exigeant davantage de respect et d’équité dans les échanges bilatéraux.
Historiquement considéré comme un allié stratégique des États-Unis dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, le Tchad envoie ici un signal fort : il refuse toute relation asymétrique, y compris avec ses partenaires les plus puissants. La suspension des visas pourrait affecter la coopération sécuritaire en cours, notamment les programmes américains de formation et d’assistance militaire. Selon plusieurs analystes africains et internationaux, cette prise de position traduit un rejet croissant du paternalisme diplomatique et une volonté affirmée d’autonomie dans les politiques étrangères africaines.
La mesure touche directement diplomates, entrepreneurs, chercheurs et acteurs de la société civile américaine souhaitant se rendre au Tchad. Elle s’ajoute à une série de décisions similaires dans la région, comme celles prises récemment par le Mali ou le Burkina Faso. Si la Maison Blanche n’a pas encore officiellement réagi, des voix à Washington appellent à une révision des politiques de visas et de coopération envers les pays africains, sous peine de voir les États-Unis perdre du terrain au profit de nouveaux partenaires, notamment la Chine, la Russie ou la Turquie.