La CEMAC se retrouve sous pression pour envisager une dévaluation du franc CFA, portée par les recommandations du FMI et les défis économiques internes, alors que les États membres pourraient aussi explorer la création d’une monnaie régionale indépendante lors du sommet à venir à Yaoundé.
Les discussions autour d’une éventuelle dévaluation du franc CFA en Afrique centrale prennent de l’ampleur, alors que les États membres de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) subissent la pression de la France et du Fonds Monétaire International (FMI). Ce dernier envisage la mise en place d’un plan de restructuration de la dette publique du Gabon, soulignant ainsi les tensions croissantes entre la souveraineté économique régionale et les intérêts des partenaires internationaux.
Depuis le sommet de la CEMAC à Yaoundé en 2017, de nombreuses recommandations ont été formulées pour stabiliser les économies des six pays membres (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République Centrafricaine et Tchad), mais plusieurs États peinent à les appliquer, aggravant leur situation budgétaire.
Pour la France, la crise actuelle survient à un moment délicat, alors que des pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger, sous gouvernance militaire, ont déjà abandonné le franc CFA. Cette évolution expose Paris à des revers stratégiques significatifs. Une dévaluation potentielle du franc CFA en Afrique centrale risquerait de fragiliser davantage l’influence française et de raviver le débat sur l’établissement d’une monnaie régionale indépendante.
À cet égard, le Gabon, souvent présenté comme le moteur économique de la sous-région, joue un rôle clé dans ces discussions, avec des réformes mises en œuvre par le président Brice Clotaire Oligui Nguema pour renforcer la résilience de son économie face aux incertitudes monétaires.
Le sommet extraordinaire prévu le 18 décembre 2024 à Yaoundé pourrait s’avérer décisif pour l’avenir du franc CFA. Les États membres de la CEMAC pourraient choisir de rejeter les pressions externes et d’explorer des solutions alternatives pour préserver leur stabilité économique, y compris la possibilité d’une nouvelle monnaie régionale. Si la dévaluation du franc CFA devait se concrétiser, ses répercussions pourraient être graves pour des économies déjà fragilisées par des crises successives. En revanche, l’adoption d’une monnaie propre à la CEMAC offrirait une occasion de réduire la dépendance vis-à-vis de la France et du FMI, bien que cette transition soulève de nombreux défis en matière de coordination et de stabilité macroéconomique.