Donné pour mort, Paul Biya est de retour fin octobre dans son pays le Cameroun. Mais malgré son état de santé fragile et son âge avancé, le doyen des présidents d’Afrique centrale n’aura pas de repos sabbatique. Son entourage a annoncé sa volonté de briguer à nouveau le suffrage universel, de quoi raviver le débat sur sa capacité à tenir encore les reines du pays.
Mais il n’y a pas que ce dossier qui plus est, n’est pas une partie de plaisir pour le président camerounais. Le conflit anglophone et l’insurrection de Boko Haram rendent la situation humanitaire de plus en plus préoccupante. Boko Haram qui a fait parler de lui en s’attaquant au Tchad voisin, met une pression sécuritaire croissante sur l’exécutif camerounais.
Malheureusement, malgré les promesses de réformes et les initiatives de dialogue, la situation demeure alarmante. La situation des anglophones ainsi que leur revendication politique demeurent. Selon Human Rights Watch, plus de 6 000 civils ont perdu la vie dans ce conflit, et le nombre de déplacés reste incalculable. La réponse judiciaire et la création des conditions sociales acceptables sont autant de soucis de préoccupation.
La violence politique a caractérisé la réponse du gouvernement face à la crise anglophone. Même si la résilience de la population est perceptible, les échéances électorales dans le contexte actuel font penser aux antécédents politiques avec comme point d’orgue le dossier Kamto.
Les facteurs combinés de ces crises qui pour certaines sont latentes, chacune de ces crises a des répercussions profondes sur la sécurité et le bien-être des populations locales, entraînant une vague de déplacements internes. En 2023, on estime à plus de 638 000 le nombre de personnes déplacées à l’intérieur des frontières, tandis qu’environ 1,7 million de Camerounais ont besoin d’une aide humanitaire urgente.
Au moment où la communauté internationale a les yeux rivés vers le Cameroun, l’alternance n’est pas envisagée et les réponses à ces problèmes globaux sont renvoyées aux calendes grecques.
Des voix s’élèvent pour appeler à des changements, comme celle de Felix Agbor Balla Nkongho, président du Centre pour les droits de l’Homme et la démocratie en Afrique, qui reconnaît les efforts du gouvernement, notamment le Grand dialogue national tenu en 2019.
Cependant, il souligne que la résolution de ces crises ne repose pas uniquement sur le gouvernement. Les séparatistes doivent également faire des concessions et renoncer à la violence pour parvenir à une paix durable. Alors que des leaders sécessionnistes, comme Sisiku Ayuk Tabe, demeurent incarcérés et que des affrontements sporadiques persistent entre les forces gouvernementales et les groupes armés, le chemin vers la paix semble encore très incertain.