Depuis le 9 janvier 2025, une mission du Fonds monétaire international (FMI) est en visite à Bangui, la capitale de la République centrafricaine. Elle est dirigée par M. Albert Touna Mama, le chef de mission des services du FMI. Les questions concernant le contexte macroéconomique et budgétaire, les changements récents dans le domaine des hydrocarbures, la dette de l’État et la stabilité du système financier figurent sur l’agenda.
L’objectif de cette mission des services du FMI en Centrafrique est d’harmoniser les perspectives pour aboutir à la troisième révision du programme économique et financier du gouvernement, soutenue par la Facilité Élargie de Crédit (FEC) du FMI, dans le but de relancer le dialogue.
Depuis plusieurs mois, les tensions existent entre l’institution financière et le gouvernement centrafricain en raison de l’absence de réforme concernant la structure tarifaire des carburants.
Au cours de l’audience du 9 janvier, avec la mission, le ministre des Finances et du Budget, Hervé Ndoba, a salué la qualité du partenariat entre la République centrafricaine et le FMI, mettant en lumière des avancées significatives observées dans l’implémentation des réformes malgré les défis rencontrés tout au long de cette démarche et les obstacles qui demeurent à surmonter.
Dans l’attente du résumé des débats prévus pour la fin de la mission du FMI, Franck Nganawara, le coordonnateur de la Cellule de Suivi des Réformes Économiques et Financières (CS-REF), soutenu par les techniciens du ministère des Finances et Budget, continue les discussions techniques avec l’équipe du FMI jusqu’au 16 janvier 2025.Blocage et pression D’après le site web Africa Intelligence, attentif au dossier FMI-RCA, il est possible que le Fonds Monétaire International (FMI) repense sa décision de ne pas octroyer la troisième et dernière tranche d’assistance financière à la Centrafrique attribuée dans le contexte de la facilité de crédit accrue signée en 2023.
OIl serait possible d’envisager une sortie de crise si le gouvernement consentit à ce que la Banque mondiale finance un examen concernant le secteur des hydrocarbures en difficulté depuis plusieurs mois. « Jusqu’à présent, la Banque mondiale a fait preuve d’une prudence particulière concernant ce dossier complexe » a noté Africa Intelligence.Le refus du FMI de débloquer l’aide prévue a directement affecté le bouclage du budget de l’État centrafricain pour 2025, présenté par le ministre des finances, Hervé Ndoba qui a longtemps attendu, en vain, que le FMI débloque une enveloppe estimée à plus de 20 millions de dollars (AI du 17/12/24).
Lors de son séjour à Washington, fin octobre 2024, le ministre Hervé Ndoba s’était déjà heurté aux réserves du FMI. Les services de l’institution financière exigeaient que le gouvernement travaille à la libéralisation des importations de carburant ainsi qu’à la révision de la structure de prix des hydrocarbures. Dans le même temps, le FMI avait recommandé une « augmentation de la contribution de la fiscalité pétrolière à hauteur de 20-25 % des recettes totales ».
Les ambiguïtés du contrat avec Neptune Oil SA Bien que le ministre des Finances de la RCA, Hervé Ndoba, soit l’interlocuteur privilégié du FMI, il ne dispose pas de contrôle total sur les enjeux concernant le secteur du carburant. Arthur Bertrand Piri, le ministre influent de l’Énergie et le neveu du président Faustin-Archange Touadéra, est en charge de sa gestion.Au terme de l’année 2023, le ministre Arthur Bertrand Piri avait confié le contrôle total des importations de pétrole au négociant camerounais Neptune Oïl (IA du 13/03/24). Aujourd’hui, le contrat, dont les termes demeurent secrets, restreint les possibilités de collecte fiscale pour l’État.
Afin d’éviter que les menaces du FMI ne soient mises en œuvre, le ministre Arthur Bertrand Piri avait tenté de revoir la structure tarifaire du carburant avec Antoine Ndzengue, le PDG de Neptune Oil SA, pendant son séjour fin septembre à Douala (AI du 03/10/24).Antoine Ndzengue, considéré comme un des principaux bénéficiaires de cette situation, a fermement rejeté cette requête. En Centrafrique, malgré la reconnaissance par le FMI des prix du carburant comme « parmi les plus élevés au monde », la pauvreté est répandue.