Des milliers d’élèves congolais ont passé leurs examens dans l’est du pays grâce à une coopération exceptionnelle entre l’État et les rebelles du M23.
Malgré la guerre qui ravage l’est de la RDC, près de 42 000 élèves ont pu passer leurs examens nationaux de fin d’études secondaires cette semaine dans des zones sous contrôle du M23. Cette opération inédite a nécessité une coordination logistique complexe entre les autorités de Kinshasa et les rebelles, ennemis déclarés sur le terrain. Dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, où les affrontements ont déplacé des centaines de milliers de civils, les épreuves ont débuté lundi et devraient se poursuivre jusqu’à la mi-juin. Le gouvernement congolais a exceptionnellement supprimé les frais d’examen habituellement supérieurs à 40 dollars pour les candidats de ces régions affectées par l’insécurité.
Le Mouvement du 23 mars, accusé par l’ONU et des ONG de crimes graves, dont des exécutions de civils, a néanmoins facilité le bon déroulement des examens dans les zones qu’il contrôle. À Bukavu, par exemple, des combattants en civil ont été déployés autour des centres pour en assurer la sécurité. Si le M23 affirme vouloir renverser le président Félix Tshisekedi, son chef Bertrand Bisimwa a reconnu la responsabilité de l’État congolais dans l’organisation des épreuves, déclarant que « l’éducation des enfants ne doit pas être politisée ». Cette coopération ponctuelle, bien que paradoxale, vise à maintenir une forme de normalité dans un contexte de chaos.
Ce fragile compromis intervient alors que des médiations régionales, impliquant l’Union africaine, les États-Unis et le Qatar, tentent de faire émerger un accord de paix durable. Depuis la reprise des hostilités en 2021, le M23, soutenu selon l’ONU par le Rwanda voisin, ce que Kigali nie, a étendu son emprise sur des territoires stratégiques à l’est du pays. L’organisation des examens en territoire rebelle, bien qu’improbable, illustre la résilience des institutions éducatives et l’espoir persistant de milliers de jeunes Congolais qui, malgré la guerre, refusent de renoncer à leur avenir.