Deux personnes sont tuées et plusieurs autres blessées dans un incident samedi soir à Ndélé (Nord-Est) dans le Bamingui Bangoran. Il s’agit d’un élément des forces armées centrafricaines qui a fait usage de son explosif tuant deux personnes et blessant une vingtaine.
« Il est dans le quartier et selon les témoins, il s’amusait avec un bébé et par inadvertance l’enfant est tombé. Sa maman mécontente a réagi et il n’a pas accepté. L’affaire tourne au drame, il a dégainé son arme et ouvert le feu. La population a aussitôt réagi et du coup, il a fait usage de la grenade qu’il a sur lui, faisant deux morts et plusieurs blessés » a expliqué à Gavroche RCA, Wiliam, un travailleur humanitaire contacté depuis Bangui.
Le sultan maire furieux
« C’est un crime odieux, lâche et inacceptable. Ils sont déployés ici pour protéger la population et non pour tuer à souhait. J’ai alerté l’état-major et pour l’instant, ses frères d’armes l’ont protégé face à la rage de la population pour le conduire à leur base. Je vais me rendre sur place et je vous ferai le point de mes échanges avec le chef du détachement mais d’entrée de jeu, je ne peux que condamner ces crimes gratuits et j’appelle la population au calme » a indiqué Ibrahim Senoussi, sultan maire de Ndélé.
Contacté, l’état-major n’a pas souhaité commenter l’acte. « Nous sommes un weekend, et nous avons appris comme tout le monde cet acte malheureux. Ce qui est sûr, il y aura une mesure mais il faut attendre un peu que le chef d’état-major qui suit le dossier de près ait tous les éléments et en ce moment-là on va communiquer dessus » a indiqué un sous-officier du service de communication de l’état-major qui ne souhaite pas être cité.
Plusieurs dossiers de crimes attribués aux forces armées centrafricaines sont jugés par le Tribunal militaire permanent. Mais l’approche militaire ne semble pas réduire la tendance des militaires à gâchette facile.
« Nous assistons à un phénomène nouveau où les militaires recrutés à la hâte, tuent facilement pour un oui ou un non. C’est un problème de société qui nécessite une réponse durable mais surtout structurelle. C’est quoi le problème ? Il est temps de chercher la réponse. Nous sommes tentés de croire que la formation militaire sans inclure le droit humanitaire international est un problème. Notre armée donne une mauvaise image et ce n’est pas seulement ce cas que nous déplorons. Il ne se passe pas un seul jour où on déplore des cas de braquage et d’assassinat mettant en cause les forces de défense et de sécurité » a déploré Albert Yami un instituteur à la retraite.
Des sources judiciaires proches de l’armée indiquent d’ores et déjà qu’une information judiciaire est ouverte pour faire la lumière sur cette affaire. La ligue centrafricaine des droits de l’Homme se dit pour sa part consternée mais n’a pas dit si elle va se constituer partie civile ou pas dans cette affaire.