Mahamat Idriss Déby, récemment élevé au rang de maréchal, poursuit une ascension rapide du pouvoir. Mais ce renforcement de pouvoir suscite des inquiétudes rendant ainsi incertain l’avenir démocratique du Tchad face à sa volonté d’accumuler titres et autorités à l’exemple de feu son père.

Mahamat Idriss Déby, le président actuel du Tchad, semble déterminé à surpasser son père, le maréchal Idriss Déby Itno, en matière d’ambition militaire et politique.

Alors que son père avait pris 30 ans pour atteindre le titre suprême de maréchal, Mahamat, à peine en charge depuis seulement deux ans, ne perd pas de temps pour s’orner de titres militaires prestigieux. Ceci en un temps record.

Récemment, le Conseil national de transition (CNT), nanti d’une loyauté sans faille envers le pouvoir, a voté à une écrasante majorité pour élever Mahamat au rang de maréchal du Tchad, invoquant ses « services rendus à la nation » et ses « victoires militaires » tant sur le sol national qu’à l’international.

Mahamat Déby a été promu général de corps d’armée en 2018, à seulement 34 ans, et à la suite du décès de son père sur le champ de bataille en avril 2021, il a hérité du pouvoir dans un contexte de guerre et de tension.

Son accès au titre de maréchal après une montée en grade rapide a suscité des critiques au sein du pays. Des observateurs, tels que le juriste Sitack Yombatina Béni, remettent en question la légitimité de ces promotions, considérant qu’elles reflètent une continuité du même système de gouvernance où l’excellence et le mérite semblent passer au second plan.

D’autres observateurs de la vie politique au Tchad ont considéré cette élévation comme moyen pour les tenants du pouvoir d’abuser du peuple tchadien et doute bien de cette volonté comme gage d’éternité au pouvoir.

Certains y voient un lien avec la volonté du pouvoir militaire de prendre ses distancés de la France.

« Le régime militaire ne supporte pas l’élan de la France qui ne donne pas l’impression de le soutenir. C’est un faux pas en ce qui concerne l’enrichissement illicite du nouveau régime. Dans la foulée, le gouvernement de transition en quête de la légitimité à l’issue des élections aux résultats contestés n’a pas hésité de se tourner vers la Russie.

Aujourd’hui il veut se montrer plus fort et c’est ce qui explique ces actes dont on attribue la responsabilité au conseil de transition » a indiqué Ngarta Mbaye, intellectuel tchadien.

L’avenir politique incertain du Tchad.

Si Mahamat Idriss Déby continue sur cette voie d’accumulation de grades et de pouvoirs, cela pourrait éloigner davantage le pays d’une éventuelle alternance démocratique.

À l’approche des élections présidentielles de mai 2024, l’opacité alarmante quant à leur organisation soulève des interrogations. Sa soif de pouvoir, marquée par un besoin d’accumuler des distinctions militaires et politiques, souligne les dangers de la concentration du pouvoir entre les mains d’un seul individu et les menaces potentielles sur les aspirations démocratiques au Tchad.