Le pays fait face à une inflation sans précédent, le panier de la ménagère en souffre. En cause l’augmentation anormale du prix des denrées sur le marché. A Boy Rabe dans le 4e arrondissement de Bangui, Gabriel a dû stopper son chantier de construction à cause de l’augmentation graduelle du prix du ciment.
« La situation est invivable tu ne sais pas comment les choses fonctionnent. Les prix des matériaux de construction sont chers et les commerçants augmentent les prix selon leur bon vouloir. Le sac du ciment qui normalement coûte de 9000 f cfa, ils le vendent maintenant à 11000 f cfa ou plus et en plus, les ouvriers te volent sur le chantier. J’ai donc pris la résolution de suspendre les travaux et de reprendre quand la situation s’améliorera un peu notamment, la structure des prix » a-t-il indiqué à Gavroche.
Sur le marché, les demandeurs se plaignent de l’impact de l’inflation sur leur pouvoir d’achat. « En temps normal mon mari me donne un forfait pour la popote familiale mais avec l’inflation, on n’arrive pas à faire avec jusqu’à la fin du mois et cela créé de l’incompréhension. Il me faut faire des coupes dans d’autres lignes pour compenser le gap. Du coup il est difficile de faire de l’investissement parce que le marché est cher et les enfants ne parviennent pas à manger à leur fin » nous a rapporté Carole. La Centrafrique en proie à de multiple crise ne produit presque rien et doit tout importer de l’extérieur. C’est notamment le cas des produits de première nécessité et autres articles vitaux.
Les opérateurs économiques eux justifient la spéculation sur les prix par les tracasseries sur les axes routiers et le prix exorbitants des taxes de dédouanement au port sec du PK 26 sur l’axe Bangui Boali vers Douala. « Avant d’être opérateur économique nous sommes d’abord citoyens de ce pays et ce que disent les compatriotes en ce qui concerne les prix nous le comprenons. Mais ce qu’ils ignorent c’est que c’est le gouvernement qui est à l’origine de l’inflation. Tu peux payer des marchandises à partir de Douala, mais les formalités au niveau du port sec de PK 26 ne sont pas amies de quelqu’un et pas à la portée de tous. Mais les commerçants libanais qui fixent les prix sont en grande partie des grands hommes d’affaires ici. Ils sont les premiers concurrents mais ce sont eux qui portent un sacré coup de grâce aux opérateurs économiques nationaux. Du coup, faire des affaires c’est générer des bénéfices et donc nous sommes contraints de nous adapter et de fixer les prix en fonction de la réalité » a fait savoir Thiburce Gonire, opérateur économique au marché central de Bangui.
Face aux défis, le ministre du Commerce Thierry Patrick Akoloza a sorti une note constatant la gravité de la situation.
« Faisant suite aux opérations de contrôle et de la surveillance du marché qui se déroule dans la ville de Bangui, Bimbo et Bégoua, le Ministère du Commerce et de Industrie a constaté avec regret des hausses Illicites des prix de certains produits de première nécessité sur le marché. A cet effet, le Ministre du Commerce et de l’Industrie demande à tous les opérateurs MCM économiques qui ont procédé à ces augmentations illicites des prix, de se conformer trictement aux prix homologués ci-dessous : 13/04 % sac et de :
1- Ciment 50 KG : • Au lieu de : 10.000 ou 10 500 FCFA : * Lire : 9 500 F
2- Huile de Palme raffiné, Bidon de 25 litres Au lieu de : 29 000 ou 30:000 FCFA : Lire: 27 000 FCFA;
3- Sucre de 50 KG : • Au lieu de : 40 000 ou 42:000 FCFA: Lire : 27 000 FCFA;
4- Farine de 50 KG Au lieu de : 40 000 ou 42 000 FCFA: Lire : 27.000 FCFA;
5- Sel de 18 KG , Au lieu de : 5000 ou 5/250 FCFA; Lire : 4 800 FCFA;
Le non-respect de cette mercuriale des prix homologués entrainera pour son auteur des sanctions administratives ou pécuniaires de dernières rigueurs » peut on lire dans le communiqué.
Une initiative favorablement accueillie mais dont beaucoup de Centrafricains sont dubitatifs dans la mise en œuvre.
« C’est une bonne chose que le gouvernement parvienne à constater ce qui fait souffrir le peuple. Nous saluons l’initiative du gouvernement mais cette situation ne se décrète pas. Il serait souhaitable déjà pour le gouvernement d’inquiéter ces commerçants véreux qui font des spéculations graves sur les prix. Non seulement ils pénalisent les ménages les plus pauvres mais ce comportement ne favorise pas l’essor de développement et l’essor d’une économie prospère » a indiqué Ali Rock Bissengue de l’association des consommateurs.
Alors que le pays vit de l’aide et espère des bailleurs de fonds plus d’engagement pour financer son développement, l’inflation et les problèmes d’accès aux pôles de développement renchérissent les difficultés de la population à mieux aller vers un mieux être.