Celui qui vient de s’éteindre le 5 janvier à l’âge de 71 ans, est un farouche opposant historique à tous les régimes en commençant par sa lutte contre le monopartisme, Joseph Bendounga s’est illustré par sa lettre ouverte au président André Kolingba en 1990 alors qu’il était dans sa cellule de prison au commissariat du 5e arrondissement de Bangui. Lettre ouverte qui sera alors sa mode principale de communication politique jusqu’à sa mort. Alors qu’André Kolingba ne voulait pas céder, Joseph Bendounga était du côté des ceux qui voulaient le multipartisme et prenait le devant de la contestation de la mort du Dr Conjugo, élite de l’ADP et hostile au régime du Rassemblement Démocratique Centrafricain. Avec l’avènement de la démocratie en octobre 1993, l’homme s’est ligué contre le régime de son parent Ange Félix Patassé par fidélité à sa conviction politique au point d’être nommé président de la délégation spéciale de la ville de Bangui. Son courage politique est de taille au point de limoger du conseil municipal de Bangui le père du premier ministre Anicet Georges Dologuélé à l’époque, Jean Dologuélé.
Joseph Bendounga dénonçait les abus et violations des droits de l’homme même dans les conditions de rupture de droit comme ce fut le cas sous François Bozizé avec l’assassinat de sergent Sanzé à l’époque aide de camp de Maitre Nicolas Tiangaye, président de l’organe constituant de l’époque. Le président Ange Félix Patassé renversé en 2003, Joseph Béndounga s’est illustré en opposant politique au chef de guerre et de la junte militaire François Bozizé. Sa lutte a permis de faire avancer le processus des élections générales à l’issue desquelles il refuse de choisir un camp au second tour entre François Bozizé candidat de la convergence KNK et Martin Ziguélé candidat indépendant soutenu par le MLPC. Ces prises de position politique contre la mauvaise gouvernance ont contraint François Bozizé à ordonner son agression physique dans un contexte de préparation du dialogue inclusif en 2008 sous le regard impuissant du Mediateur burundais feu Pierre Buyoya. Mais François Bozizé aura appris à son dépend quand il aura dans son gouvernement Joseph Bendounga qu’il est contraint de nommer grâce à l’accord politique de Libreville de janvier 2013. Première expérience ministérielle pour celui qui a commencé la lutte tôt.
Au plus fort de la crise, Joseph Bendounga était sur tous les fronts pour dénoncer les Séléka mais aussi la récupération politique des Antibalaka. Il dénonçait la gouvernance de Ferdinand Alexandre Nguendet, Catherine Samba Panza. Sous Faustin Archange Touadera alors ancien premier ministre de François Bozizé, Joseph Bendounga s’est engagé dans la dénonciation de l’assassinat des clergés Albert Toungoumalé Baba par la Séléka, l’attaque de Fatima. Dans une interview accordée à Gavroche RCA, Joseph Bendounga a indiqué qu’il a été empoisonné par les Russes et s’est élevé contre le manque d’attention des autorités, notamment du gouvernement et de l’Assemblée nationale dans laquelle il siège comme député de Bimbo 3.
Homme de confiance en la justice, Joseph Bendounga a toujours saisi la justice pour accéder à ses droits. C’est le cas notamment de ses procédures en référé contre l’Assemblée nationale pour avoir accès à la prise en charge de son voyage.Tant et si vrai que l’homme n’aime pas les compromis et les compromissions, Joseph Bendounga est un homme de débat et a cette capacité d’aller vers ces détracteurs politiques sollicitant les moyens de campagne politique. En réaction au manque d’attention des autorités, l’homme a écrit un testament interdisant toute cérémonie officielle. Au moment où nous mettons sous presse cette information, les autorités qui ont essuyé un refus catégorique de la famille selon la dernière volonté du défunt n’ont pas encore réagi.