Les deux chefs de guerre centrafricains Patrice Édouard Ngaissona et Alfred Yekatom Rombo seront situés sur leur sort à l’issue de leur audience de déclaration de clôture.
Cette audience qui a débuté hier 9 décembre a permis à l’accusation de renchérir sur les dossiers en sa possession qui attestent bien que les deux chefs de guerre ont à l’époque des faits entre 2013-2014, contribué à commettre des crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
À Bangui cette audience est retransmise en direct à la Cour Pénale Spéciale où prennent part les victimes mais aussi les parents, amis et connaissances des suspects.
Malik Karomshi ne manque aucun détail à charge du procureur contre Patrice Édouard Ngaissona. Il raconte les mauvais souvenirs de l’époque.
« A l’époque c’est un moment très très triste, pour nous, la communauté musulmane. À l’époque j’étais là, voilà on reçoit des cadavres qui venaient , 20, 25 à 30. La communauté, les hommes, les femmes, les bébés sont décapités. C’est un moment difficile qu’on oubliera jamais dans notre vie. Quand je me rappelle de ça, ça me rend triste et cela me fait beaucoup de mal, je ne peux pas dormir la nuit ».
Mais le traumatisme qui hante Malik est si fort qu’il ne croit pas en la sincérité des deux suspects à bâtir la paix. Aïcha Baba est venue à cette audience dans l’espoir de connaître où est ce que les Antibalaka qui l’ont d’ailleurs pillé et violé ont mis son premier garçon pour commencer le deuil.
« Ce jour là, ils ont tué mon premier garçon à l’âge de 27 ans. Jusqu’aujourd’hui on n’a pas retrouvé le corps, je ne sais où il a été inhumé. L’ont-ils jeté aux animaux féroces? Est-ce les chiens ? L’ont-ils jeté dans un puits? Jusqu’aujourd’hui, que des points d’interrogation nous n’avons pas encore de réponse.
Le deuxième c’est ma maison et biens qui ont été pillés , je n’ai rien aujourd’hui. Enfin, je suis victime des Antibalaka qui m’ont violé par la force. Que diront la défense de Ngaissona et Yakatom ? C’est tout ce qu’on va suivre et puis on va voir ce à quoi les juges vont statuer pour la manifestation de la vérité »
Le bureau du procureur met en avant l’implication ainsi que la responsabilité de commandement de Patrice Édouard Ngaissona. Il a aussi brossé la responsabilité de Yekatom Rombo dont la cour a fait la jonction de l’affaire.
Ce qui ne suffit pas aux yeux de Samson Ngaibona un proche parmi les proches de Ngaissona, d’appeler à sa libération car il estime que les deux leaders devraient être libérés.
« Nous demandons aux juges de dire le droit et de libérer purement et simplement Patrice Édouard Ngaissona. Tout ce qui s’est passé en 2013-2014, s’il n’intervenait pas, ça devrait être du n’importe quoi aujourd’hui. Il a seulement calmé les ardeurs des jeunes Antibalaka qui sont venus des provinces parce que les exactions des Séléka étaient extrêmement graves ».
Il a ajouté que le gros poisson dans cette affaire est l’ancien président de la transition Michel Djotodia qui a dirigé le pays entre mars à décembre 2013.
La partie civile représentée par Me Edith Douzima a insisté sur les conséquences de la guerre sur les enfants et les villageois instrumentalisés par les deux chefs de guerre.
Après l’accusation viendra le tour de la défense de tenter de convaincre les juges. Cette audience de clôture survient après la déclaration non assermentée de Patrice Édouard Ngaissona lequel attend avec Yekatom Rombo le verdict de la cour pour être situés sur leur sort