Conformément aux dispositions de la constitution du 30 Août 2023 le président Touadera a présenté devant l’Assemblée nationale l’état de la nation. Un discours de 3h sans débat ayant permis au président de faire un bilan à mi-parcours et projeter l’avenir du pays. Dans ce discours à l’allure d’un autosatisfecit, le président Touadera a vanté les réformes qu’il a portées dans les secteurs socio-économiques depuis 2016 à ce jour notamment dans le domaine de la santé, de l’éducation, du redressement de l’économie, de la promotion de l’économie verte et aussi de la diplomatie. ” nous allons construire des tribunaux au moins 9 dans nos villes de province et une université secondaire dans grâce à la coopération avec la Turquie” a indiqué le président Faustin Archange Touadera.
Il s’est alarmé des conséquences de la crise sanitaire de COVID 19 sur l’économie mais aussi et surtout la guerre en Ukraine et la situation au Soudan qui continue d’impacter son pays. En revanche il se félicite de l’appui des partenaires financiers comme la Banque mondiale pour avoir financé le corridor 16 pour soulager le pays de la dépendance.
Aussi la coopération avec l’Ouganda pour construire la route reliant Kampala aux zones rurales de Obo, Zemio et Bambouti.
Au delà de ce bilan globalement satisfaisant pour lui, Faustin Archange Touadera a reconnu des erreurs dans la gouvernance de la chose publique. “Comme toute oeuvre humaine, nous avons fait des erreurs. Mais à chaque erreur on s’arrête et on corrige par la force de Dieu” a reconnu Faustin Archange Touadera. Une reconnaissance qui vient après avoir par exemple félicité le gouvernement dans la gestion du secteur pétrolier qui inquiète pourtant le FMI et ce malgré la chute des recettes à cause du choix du gouvernement qui appauvrit les ménages.
L’opposition et la société civile pointent les erreurs du président
Mais cette déclaration ne passe pas inaperçue pour les observateurs de la société civile et de la classe politique. ”Nous lui avons toujours dit qu’il est dans l’erreur mais il ne veut pas entendre raison. Ces erreurs sont gravissimes et engagement vraiment la vie de la nation. Même dans son discours il y a des contradictions comme on ne peut pas imaginer. Tantôt il n’a pas de financement des pays pollueurs mais c’est le carbone qu’on vend à 500 millions. Il s’en orgueillit des recettes du secteur minier mais toujours et il il parle encore de tension de trésorerie. Une autre erreur est de refuser l’évidence avec le FMI qui l’engage à réglementer le secteur pétrolier qu’il a liquidé à Neptune. Bref. Les conséquences de ces erreurs ne vont pas dans l’intérêt du pays et cela doit interpeller la conscience collective du peuple” a soutenu Albert Gondoba, membre de la jeunesse du parti Patrie de Me Crépin Mboli-Goumba.
Le parti au pouvoir apprécie l’humilité et la modestie de son champion
Mais au sein du parti au pouvoir la déclaration du président Touadera n’est pas perçue de cette manière. “C’est la preuve de la modestie et d’humilité dans la gouvernance. Je pense qu’il a montré le chemin parcouru depuis 2016 jusqu’ici. Il y a un bilan positif tel que la sécurité retrouvée grâce à l’accord de paix et de la réconciliation ainsi que la levée de l’embargo sur les armes. Il n’est pas resté là je vous en prie. Il a dit que grâce à la Communauté Saint Egidio et le Centre de Dialogue Humanitaire, ceux qui refusent le dialogue seront neutralisés. C’est en cela qu’il a noté à sa juste valeur le travail abattu par le chef de l’Etat” a fait savoir Aroufai Aziz membre du MCU du parti au pouvoir.
La société civile se veut prudente.
“Le discours sur l’état de la nation n’est pas une mauvaise chose en soit mais cet exercice se fait dans un État réellement engagé sur le chemin du développement. Le président a parlé il me semble, de la lutte contre la corruption. Mais en dehors de certains magistrats corrompus qui ont été punis, qui d’autre du régime a écopé de sanction et ou été poursuivi ? Nous assistons à des discours fracassants pour rien. Il a parlé du cadre de vie des Centrafricains à travers l’opération d’assainissement ou “Kwa ti Kodro”. Mais ce qu’il a oublié c’est le pouvoir d’achat du Centrafricain. Donc vous voyez, il y a un ensemble de choses qu’il faut, à mon avis, revoir” a indiqué Narcisse Yankoisse de la jeunesse engagée pour la gouvernance démocratique.
“Nous avons écouté ce que le chef de l’Etat a dit et chacun fera sa propre opinion puisque la constitution ne nous l’autorise pas à lui poser des questions” a souligné Bernard Gbissihui Aniwe, député de Bambouti.
Plusieurs députés de l’opposition démocratique sont absents à ce tout premier discours de Touadera sur l’état de la nation lequel lui a permis d’appeler l’opposition à un sursaut pour participer aux élections locales, législatives et présidentielle qu’ils ont boudées jusqu’ici.