La guerre au Soudan menace de déstabiliser l’économie des pays voisins déjà fragiles, exacerbée par les tensions géopolitiques mondiales.
La guerre au Soudan, qui fait rage depuis avril 2023 entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhan et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), provoque une crise humanitaire sans précédent. Ce conflit a déjà causé des dizaines de milliers de morts et entraîné le déplacement de plus de 10,7 millions de personnes à l’intérieur du pays, tout en poussant 2,3 millions d’autres à fuir vers les pays voisins. Catherine Pattillo, directrice adjointe du département Afrique au Fonds monétaire international (FMI), a alerté sur les répercussions économiques de cette guerre non seulement pour le Soudan, mais également pour les nations limitrophes, déjà fragiles et confrontées à des défis croissants.
Parmi ces pays, la République centrafricaine, le Tchad, l’Érythrée, l’Éthiopie et le Soudan du Sud sont particulièrement vulnérables. Pour ce dernier, la situation est alarmante après l’endommagement, en février 2024, d’un oléoduc vital permettant l’exportation de son pétrole, qui représente environ 90 % des ressources d’un pays qui a obtenu son indépendance en 2011. Alors qu’une famine a été déclarée dans le camp de Zamzam, au Darfour, les défis humanitaires s’accumulent, mettant une pression énorme sur la région.
Au-delà des frontières soudanaises, les tensions géopolitiques, notamment liées à la guerre en Ukraine et à la déstabilisation au Moyen-Orient, compliquent la situation économique en influençant les prix alimentaires et énergétiques à l’échelle du continent. Dans son dernier rapport, le FMI souligne également les risques protectionnistes, dus à la montée des tarifs douaniers entre les principales puissances mondiales, qui pèsent sur la croissance africaine. Ainsi, bien que l’institution prévoie une légère amélioration de la croissance à 4,2 % pour 2025, les incertitudes demeurent prégnantes face à une conjoncture mondiale volatile.