Il est une tradition pour les pays de tenir des commissions mixtes et donner de l’oxygène à leur coopération mutuelle. Cette 15e session témoigne du réchauffement des liens de coopération entre Bangui et Ndjamena d’une part et la volonté des deux Etats à rechercher ensemble des solutions à leurs problèmes.

La ministre des Affaires étrangères Sylvie Baïpo Témon et son homologue tchadien Abderrahmane Koulamallah ont tour à tour salué le cadre juridique à travers des traités et accords qu’ils ont signés par le passé et qu’ils vont devoir renforcer lors de cette 15e commission mixte.

La dernière commission mixte entre Bangui et Ndjamena remonte à 2019. Entretemps, en 2020-2021, l’ancien président François Bozizé a regagné le maquis. Pourchassé par les forces armées centrafricaines et leurs alliés les paramilitaires russes, François Bozizé, ses enfants ainsi que ses principaux lieutenants ont trouvé refuge au Tchad entrainant ainsi le froid dans la coopération entre Bangui et Ndjamena.

Le retour au bon sentiment

« Il est de notoriété publique que le Tchad est perçu à Bangui comme foyer de déstabilisation du régime au pouvoir. La présence sur le sol tchadien de plusieurs chefs de guerre hostiles au président Touadera n’est pas appréciée par Bangui. A l’époque le Tchad aussi n’a pas aimé la présence à sa frontière sud des mercenaires du groupe Wagner.

D’où le renforcement de la présence militaire Le long des frontières communes. Mais le Tchad a beaucoup coopéré dans le cadre de la CEEAC pour que François Bozizé quitte son territoire au profit de la Guinée Bissau, ce qui est quand même un gage d’assurance à ne pas négliger » a soutenu à Gavroche RCA un diplomate en poste à Bangui sous couvert de l’anonymat.

« Je pense que Bangui et Ndjamena ont réussi à construire leurs relations dans la douleur. Sur les réseaux sociaux, le Tchad était incriminé comme un soutien de la tristement célèbre Séléka. Mais le rapprochement du président Déby de la Russie et ses multiples voyages chez Poutine ont permis de convaincre Bangui que le fils Déby n’est pas sur la trajectoire de son defunt père.

Par conséquent le président centrafricain a multiplié des voyages au Tchad non seulement en sa qualité de président en exercice de l’organisation sous régionale (CEMAC) mais aussi en tant qu’aîné en âge. L’aérodrome de Kabo par exemple au nord de la Centrafrique qui était fermé est désormais opérationnel.

La Centrafrique accueille aussi, ne le perdons pas de vue, les réfugiés tchadiens et aussi Bangui a autorisé sur son territoire une opération militaire ayant permis de neutraliser la rébellion sudiste en gestation dans la commune de Mia-Pende à Paoua. L’ensemble de ces facteurs combinés, montre bien que les deux pays sont sur une nouvelle base de coopération » a rappelé Yves, étudiant en relations internationales à l’université de Bangui.

Cette 15e commission aura pour centre d’intérêt les questions liées à la transhumance du bétail tchadien a travers le territoire centrafricain. Les deux pays souhaitent parvenir à l’adoption des principes d’une transhumance apaisée en jugulant aussi l’insécurité transfrontalière, l’exploitation illicite des ressources naturelles. L’enjeu est de taille car le Tchad avec le nombre important de bétail, a besoin des verts pâturages centrafricains pour booster son économie pastorale.