Les centrafricains observent avec beaucoup d’intérêts tant les deux candidats sont au coude à coude. Mais aussi du suspense, plusieurs points expliquent pourquoi les élections intéressent de loin les centrafricains.
D’abord l’influence russe en Centrafrique et bien entendu dans le Sahel. Ils sont nombreux à rester connectés pour savoir si les Etats-Unis vont s’inscrire dans la continuité avec l’administration démocrate qui s’active à réduire ou encore contrer l’influence de la Russie en Centrafrique pour promouvoir la démocratie menacée.
« Nous n’avons rien à voir avec ces élections qui concernent en premier lieu les Américains d’abord. Mais par ricochet, on ne peut pas se priver de suivre ces élections. Vous savez que Joe Biden lors du sommet Etats Unis-Afrique a sommé le président Touadera de clarifier sa position. Après, on nous parle de Bancroft. Cela veut dire que le cœur de l’Afrique est au centre de la géostratégie mais surtout de la préoccupation des américains. Nous devons analyser cela pour que la guerre froide ne se transforme pas en guerre chaude ici » a indiqué à Gavroche Paul Gazassengue, observateur de la vie politique centrafricaine.
« Les démocrates tiennent un tant soit peu à la démocratie même s’ils semblent dépassés par les événements. J’en veux pour preuve la situation au Sahel où les Américains croyant jouer en solo face à l’Europe, mais ils en ont appris à leur dépend lorsque la junte au pouvoir au Niger a fini par rompre les contrats juteux avec les américains et pousser à la porte les militaires américains. Aujourd’hui, la démocratie est menacée en Centrafrique par les mercenaires russes qui veulent transformer la RCA en un Soudan. Alors si on analyse bien cette situation, on a le droit de s’inquiéter de la politique extérieure des Etats Unis » a-t-il ajouté.
Kamala Harris l’inconnue
« Elle a beau revendiquer son identité et assumer ce qu’elle est mais depuis qu’elle est vice-présidente, elle n’a jamais marqué l’Afrique. Et ce n’est pas seulement l’Afrique, même les Américains ne la maîtrisent pas assez. C’est pour dire que l’Afrique est d’ores et déjà reléguée en arrière-plan. Pourtant les dossiers ne manquent pas, le Soudan, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, la Guinée etc. Avec les démocrates, la situation est d’autant plus critique qu’on ne le croyait. Mais il ne faut pas se leurrer car ce ne sont pas les Américains qui vont changer le quotidien de l’Afrique, encore moins celui des Centrafricains. Il est temps pour nous de changer de paradigme car que ce soit Donald Trump ou Kamala Harris, la realpolitik existe et ils n’ont pas de miracle à faire » a soutenu Vincent Yamba, étudiant à l’université de Bangui.
Les ONGs de défense des droits de l’Homme dans la palpitation
Bangui ne finance pas les ONG, mieux le pouvoir a initié en octobre un projet de loi sur le statut juridique des agents étrangers pour contraindre les organisations qui reçoivent de l’argent de l’extérieur à s’inscrire sur la liste des agents étrangers.
L’enracinement de la Russie est une manière à n’en point douter de contrôler les organisations et les reduire au silence toutes les voix critiques qui pourrait faire contre poids face au pouvoir de Bangui.
« Nous sommes face à une machine de dictature qui fonctionne normalement. Il suffit de constater l’état de la démocratie à l’Assemblée nationale, où il n’existe plus un groupe parlementaire de l’opposition. Pourtant il y’en avait mais c’est où maintenant ? Je vous laisse le soin de deviner et de suivre mon regard. Dans ce contexte, le pouvoir a besoin que les ONGs vivent le désert financier pour mieux les mater » a fait savoir Ulrich Sangho, activiste des droits de l’Homme.
Il faut se dire que les démocrates peuvent mieux faire si les Américains leur accordent le suffrage nécessaire. Ceci pour créer les conditions susceptibles de faire l’économie des frustrations et le désintéressement qui renforce la position de la Russie.
Donald Trump ou la peur du déjà vu ?
Donald Trump ici comme ailleurs ne fait jamais l’unanimité autour de sa personne. Mais dans un pays où le poids de la région est considérable, sa posture contre l’avortement fait de lui l’homme de la situation.
« Nous sommes dans un monde où l’anormal devient normal. Il nous faut des gens capables de dire non comme Donald Trump pour remettre la pendule à l’heure. Voyez-vous ? Les médias européens le diabolisent mais c’est un monsieur qui sous son règne, l’économie se portait bien. Donc, pour un observateur avisé, il serait souhaitable pour l’Afrique et bien entendu la Centrafrique d’adopter une position permettant de discuter avec tout le monde. Comment pouvez-vous accepter que Joe Biden livre l’Ukraine aux Russes et se contente de donner des armes en lui disant non, il ne faut pas les utiliser contre les Russes. Est-ce sérieux ? Voilà l’autre partie des démocrates qu’on ne comprend pas » a brandi à Gavroche-RCA sous couvert de l’anonymat un bénéficiaire de la bourse Yali, un programme du gouvernement américain qui promeut les jeunes talents depuis l’ère Obama.
Au-delà du pragmatisme Donald Trump suscite la psychose
« Donald Trump ne l’oubliez pas, est un homme d’affaires qui regarde le monde comme une entreprise. Tous les dictateurs espèrent en silence sa réélection. En tête, Vladimir Poutine qui souhaite le revoir à la Maison Blanche. Comme il aura un temps de répit pour doper son économie de guerre, se réarmer et poursuivre la conquête de l’Afrique. Il l’a prouvé avec les Brics, qu’il est le maître de la situation malgré les menaces et les sanctions. En bon commerçant, il a un seul credo: la Chine. Mais figurez-vous que les Américains étaient à Obo à l’extrême sud-est de la RCA et c’est Donald Trump qui les a rappelés. Il va mettre l’Europe en difficulté. Ce n’est pas une partie de plaisir avec cet homme d’Affaire » regrette ce progressiste St Vincent Namsona.
Si les élections aux USA font palpiter le monde, elles suscitent tant d’interrogations en Centrafrique.