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CENTRAFRIQUE – SOCIÉTÉ : La police décide un contrôle accru des étrangers

Date de publication : novembre 9, 2024
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Bangui durcit les conditions de vie en République Centrafricaine. La police a renforcé le dispositif de contrôle des étrangers vivant sur le territoire centrafricain. L’ordre de mission signé du directeur général a mis en place un pool d’officiers de la police pour traquer les étrangers en situation irrégulière.

 

En première ligne la communauté libanaise dont au moins cinq cents (500) ressortissants ont été brièvement arrêtés avant d’être relâchés par la police. La police met en avant une opération de lutte contre le séjour irrégulier des étrangers selon son directeur Bienvenu Zokoué.

 

Mais cette opération est très mal perçue dans plusieurs chancelleries qui y voient un acharnement et une opération en dehors du cadre légal, laquelle viole le droit des citoyens étrangers.

 

En 2021 le gouvernement a attribué la délivrance des documents sécurisés carte de séjour, carte nationale d’identité et permis de conduire etc à une société libanaise Almadina. Cette société proche des autorités, augmente sensiblement le prix de ces documents en dépit du prix modeste inscrit dans la loi des finances. Malgré les réactions des élus et de la société civile, le prix est resté tel que voulu par Almadina.

 

Le nouveau rebondissement dans ce dossier à travers cette opération survient dans un contexte où le gouvernement a échoué à faire adopter par les élus une loi portant statut des agents étrangers dans le pays.

 

Mais cette opération divise au sein même de la police. « C’est une initiative du directeur général qui ignore royalement les répercussions que cela pourrait avoir. La République Centrafricaine ne vit pas en autarcie. Il ne faut oublier que dans les relations internationales, c’est la réciprocité. Comment voulez-vous que les Etats dont les ressortissants subissent des conséquences dangereuses de cette opération réagissent autrement ? Ce n’est pas bien et il faut que les gens se ressaisissent un peu » a indiqué à Gavroche-RCA un officier de la police sous-couvert de l’anonymat.

 

Taxes illicites

 

« Cette opération qui montre le goût effréné des autorités à s’enrichir est quand même bien triste pour ce pays qui oublie facilement que les violations des droits de l’Homme font le lit aux problèmes sociaux. Tout cela parce que la société Almadina veut du beurre et l’argent du beurre en même temps et c’est ce que la direction générale de police n’a pas compris avec cette taxation illicite des cartes de séjours en RCA » a souligné en toute discrétion un diplomate centrafricain au ministère des affaires étrangères.

 

« Nous avons toujours vécu dans ce merveilleux pays mais débarquer de cette manière n’est autre chose que du gangstérisme d’Etat dont le seul but est d’extorquer des fonds aux étrangers » sic.

 

Selon la loi des finances en vigueur, le prix de la Carte nationale d’identité est toujours fixé à 4500 F, la carte de séjour pour les ressortissants de la CEMAC revient à 250 mille francs et 650 mille francs pour d’autres nationalités, une surtaxe de trop.

 

Le pragmatisme économique selon Almadina

 

Devant les critiques qui fusent contre la société Almadina, les responsables de cette société parlent d’une opération de police qui ne les engage en rien. En revanche, il justifie leurs tarifs qui obéissent à la loi du marché et sont conformes à la convention signée avec le gouvernement centrafricain.

 

Mais à qui profite alors les dividendes de cette opération et aussi ce partenariat public privé entre le gouvernement et la société Almadina ?

 

De source policière, on apprend que la collaboration entre les deux têtes de la police est froide. En date du 29 février 2024, le directeur général de police a suspendu la direction générale adjointe de l’émigration – immigration, dans la délivrance aux étrangers, des attestations de dépôt de carte de séjour et déclaration de perte de trois mois pour un coût de 60000 F et 200000 FCFA.

 

Les réactions diplomatiques n’ont pas tardé. Certains ambassadeurs en poste à Bangui ont saisi les autorités centrafricaines de leur inquiétude. « Nous sommes très préoccupés et dans un élan de coopération nous avons saisi le président de la République par le canal de la ministre des Affaires étrangères. Donc on attend de voir de quoi cela va accoucher » nous rapporte un autre diplomate étranger.

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