Les Centrafricains se sont réveillés ce matin à Bangui avec une statue en la mémoire de Evgueni Prigogine. « C’est prestigieux et fait la beauté de la ville. Vous pouvez voir combien les gens viennent prendre des photos. J’aurais aimé que cela soit l’émanation de la municipalité de Bangui. Mais notre maire manque d’initiative et ce sont les étrangers qui le font à notre place et c’est bien triste » a indiqué Judicael Boutou venu prendre lui aussi les photos.

« Les paramilitaires russes du groupe Wagner sont en Centrafrique et c’est ici qu’ils vont rendre gloire à Prigojine. C’est un chef d’œuvre certes mais une manière de défier Poutine en érigeant la statue de son ennemi juré chez nous. Il ne faut pas que nos alliés exportent le problème chez nous surtout que nous avons un problème qu’ils ont créé et qu’on n’a pas encore résolu. Ce souvenir de leur chef Evgueni Prigojine est un fait naturel en soi. Mais qu’est ce qui se cache derrière. Ce n’est pas prudent et je n’ai pas aimé » a nuancé Sanze Gourna.

« Ils ont déjà fait ériger ce qu’ils ont à faire mais si Poutine est capable de faire ce qu’il a fait à Prigogine qu’adviendra-t-il? La politique intelligente commande à ce que le pays n’encourage pas ce genre de pratique » soutient pour sa part Francky Gonde.

La souveraineté en berne

« Quand nous voyons les autorités assister à ce genre de fête on a l’impression qu’ils ont pesé le pour et le contre pour aller sur cette voie et après c’est la souveraineté d’un État. Nous comprenons que cela gêne un peu pour une raison et pour une autre. Mais que les gens cessent d’extrapoler sur cette situation » a déclaré Joseph Libot.

Rendre gloire à l’histoire

« C’est un symbole de reconnaissance, de la gratitude, ils ont beaucoup contribué à la stabilisation de la situation sécuritaire en République Centrafricaine. Ce travail a permis de rompre le cycle vicieux de tentatives de déstabilisation de la République centrafricaine et grâce à cet effort le peuple avec le gouvernement ont à cette période de la stabilité et de la sécurité » a fait savoir Valéry Sitty le responsable de la maison russe et numéro 1 des Wagner en Centrafrique.

Courant août 2023 Prigojine dans sa tournée en Afrique était à Bangui puis à Bamako et Benghazi avant de prendre son vol pour trouver la mort dans les conditions jusque là non élucidées.

Mais la société civile reste quand même remontée contre le gouvernement centrafricain par rapport à ce qu’elle considère d’ignominie selon Paul Crescent Beninga, porte parole du groupe de travail de la société civile.

« Je ne m’intéresse pas au message que Bangui envoie à Poutine mais je dois dire que ce qui vient de se passer relève d’une ignominie. C’est inadmissible, impensable et inconcevable. Oú se trouve la limite du groupe Wagner dans l’infantilisation du peuple centrafricain ? Nous avons des figures de résistance dans ce pays. On parlera de Koudoukou, de Karinou dans la Nana Mambere qui a opposé une résistance à l’entreprise coloniale. Où se trouve aujourd’hui la statue de Karinou. Qu’est ce qui nous vient à l’esprit? Nous avons touché le fond. Les securocrates du pays se sont déplacés pour aller rendre un vibrant hommage à Wagner. C’est inadmissible et inconcevable. Oú se trouve notre fierté ? Est ce que nos autorités tremblent quand même devant la mémoire de Koudoukou? Non je dis non».

Coïncidence

Cette inauguration survient seulement après la commémoration du 66e anniversaire de la proclamation de la République. Un message donc à n’en point douter pour la Centrafrique selon Paul Crescent Beninga, très remonté.