Le gouvernement de Félix Moloua vient d’enregistrer un échec politique important dans sa volonté d’adopter la loi portant statut juridique d’agents étrangers en République centrafricaine. Les députés ont renvoyé au gouvernement pour plus d’information. Un refus tacite selon plusieurs observateurs de la vie politique.
C’est avec acclamation et à l’unanimité que les députés ont suivi la conclusion de la commission Textes et lois. Dans son rapport, la commission Textes et lois suggère à la plénière des députés de ne pas accorder crédit à ce projet de loi et de le renvoyer au gouvernement pour plus d’information.
Mais l’avis des élus n’a pas tardé et une vague d’applaudissement dans l’hémicycle pour confirmer et approuver l’idée du renvoi. Pour Rachel Ngakola députée de Bambari, cette loi est un non-sens.
« La commission a tiré sa conclusion en renvoyant au gouvernement pour complément d’information mais si cela ne tenait qu’à moi, on devrait demander purement et simplement son retrait car il n’a aucun sens » a-t-elle indiqué à Gavroche RCA.
Et pourquoi cette loi n’a pas de sens ? l’élue en donne les raisons.
« Parce que nous ne connaissons pas vraiment les motivations de cette loi. D’aucuns disent que les motivations sont d’ordre géopolitique, alors nous on n’a rien compris du projet de loi. Quand vous lisez le projet de loi, il y a du contre sens. Alors selon le rapport de la commission, les membres du gouvernement qui ont été invités pour répondre aux questions du gouvernement, aucun ne s’est présenté, même le ministre porteur du projet. Cela prouve à suffisance que le gouvernement était démotivé. Alors je me demande comment ils ont fait pour valider ce projet de loi au Conseil des ministres. Ils se sont rendus compte que ce projet de loi va nous créer beaucoup de problèmes » a-t-elle justifié à Gavroche RCA.
Au-delà du renvoi c’est la colère
« Nous députés, nous ne pouvons pas trahir le peuple centrafricain. Comment expliquer que les hôpitaux manquent de tout et ce sont les ONG qui se substituent à l’Etat dans le pays. Après on va parler d’ agent étranger. C’est inadmissible et le projet de loi est en soi suicidaire » a soutenu à Gavroche-RCA Bernard Gbissigui député de Bambouti.
Le manque de courage politique vis-à-vis de la Russie.
« Il fallait avoir le courage de demander à l’Assemblée de rejeter le projet de loi que de nous de nous nous donner le spectacle que nous avons vu aujourd’hui. Heureusement la commission a pris sa responsabilité à deux mains pour nous proposer le renvoi du projet de loi. Si cela ne tenait qu’à moi, mais si cela ne tenait qu’à moi, on devrait retirer purement et simplement ce projet. Il faut avoir le courage de reconnaitre ses erreurs mais je pense que le gouvernement n’a pas été assez courageux pour demander le retrait de ce projet de loi » a soutenu Auguste Boukanga, député de Yaloké.
Le président de l’Assemblée réfute l’idée de renvoi sous-pression.
Alors que la société civile est rouge de colère face à ce projet de loi, elle a saisi la chambre parlementaire mais le Président de l’assemblée nationale Simplice Mathieu Sarandji parle de décision prise en toute souveraineté.
« Nous tenons à préciser que notre cabinet a enregistré la requête des organisations de la société civile. Nous avons décidé du renvoi en toute souveraineté et non sous pression » a indiqué le président de l’Assemblée nationale.
Une fin de non-recevoir
Considéré comme un copier-coller russe, c’est pour la première fois que l’Assemblée s’oppose à l’hégémonie russe à travers les texte soumis à son approbation. Pour le président de la commission Brice Kakpeyen, accepter ce projet de loi serait de l’absurdité.
« N’oubliez pas que moi-même j’ai une ONG Enfants sans Frontières qui reçoit de l’argent de l’étranger. Est-ce dire que je suis moi aussi un agent étranger ? » S’interroge-t-il.