L’ONG CPDE a dénoncé les conditions de détention dans les prisons de Ngaragba et Bimbo pour les femmes ainsi que les procédures pénales des détenus.
De 2023 à 2024, une organisation non gouvernementale centrafricaine, le Centre pour la Promotion et la Défense des Droits de l’Enfant (CPDE), a réalisé une mission de suivi à la maison carcérale pour femmes de Bimbo et à la grande prison centrale de Ngaragba à Bangui au niveau central.
Le travail fait par le CPDE et l’ONG internationale Avocats sans frontières (ASF) dans ces deux maisons de détention de 2023 à 2024 a révélé les conditions réelles dans lesquelles les détenus vivent.
Le rapport mentionne une problématique persistante concernant les procédures pénales des prisonniers. Sur les 90 personnes incarcérées à la Maison d’arrêt de Ngaragba, 75 sont placées en détention préventive pendant une période allant de trois (03) à cinq (05) ans sans être soumises à un juge d’instruction initial. Avec une capacité d’accueil initiale de 400 détenus, la prison de Ngaragba compte aujourd’hui plus de 1600 détenus.
Par ailleurs, ce surplus de prisonniers n’est pas l’un des cas les plus graves qui peuvent être considérés comme inhumains. La plainte concerne davantage la maison carcérale de Ngaragba, en ce qui concerne le traitement des détenus par les agents pénitentiaires, selon les travaux de suivi.
Si au sein d’un établissement pénitentiaire, il n’y a pas de classes sociales strictes, il existe un traitement spécifique, selon les dires de 90% des détenus interrogés, envers certains détenus qui disposent de ressources, pour lesquels les agents sont au service et font tout leur possible pour les protéger de toutes circonstances au détriment des autres.
La hiérarchisation de la prise en compte se manifeste par le fait que certains détenus passent davantage de temps à l’extérieur que d’autres. De plus, il est mentionné dans le rapport que certains quartiers sont réservés à certaines catégories de détenus, avec certains ayant davantage de droits que les autres.
Parmi les 75 détenus rencontrés, 49 (66%) ont exprimé leur mécontentement quant à leurs conditions de détention. 23 personnes parmi les dernières ont déclaré lors de cette enquête avoir été victimes de violences pendant leur détention, mentionnant la violence des autres détenus et des agents pénitentiaires. Certains prétendent même avoir été torturés.
De plus, malgré le fait que la maison carcérale pour femmes de Bimbo soit moins peuplée et soutenue par diverses organisations de la société civile, des organisations internationales et les agences des Nations Unies, les détenues expriment leur mécontentement quant à la lenteur dans le traitement de leurs dossiers. Ce qui entraîne la présence prolongée de certaines femmes dans cet établissement, toujours d’après le rapport.
En plus de cela, les femmes incarcérées se plaignent de la qualité de l’eau à boire, qui n’est pas potable et se plaignent également des pénuries d’approvisionnement. Le centre de détention de Bimbo possède un seul puits foré qui n’est plus utilisé.
Lors de la présentation du rapport de suivi du CPDE, le 30 septembre 2024, Dedy Rodouan Salah, directeur général des droits humanitaires et de la bonne gouvernance au Ministère de Justice, a réaffirmé la volonté du gouvernement de prendre en considération les recommandations et les amendements contenus dans le document. Il a mis en évidence que des mesures visant à améliorer et moderniser les centres carcéraux en RCA seront prochainement abordées lors de la table de discussion avec les partenaires.
Selon Rémy Djamouss, président du conseil d’administration de l’ONG CPDE, il est regrettable de constater une totale indifférence quant au respect des droits fondamentaux des détenus, qui sont malheureusement garanties par les lois de la République et les conventions internationales.
Il a sollicité des mesures de la part du gouvernement pour la construction d’autres maisons d’arrêt et de maisons de correction. Parce que la prison pour les détenus et la prison pour les condamnés sont une seule entité dans le contexte centrafricain.
Le travail a été réalisé avec l’appui d’Avocats Sans Frontières (ASF) en collaboration avec l’Ambassade de France en Centrafrique et grâce au soutien financier du ministère français des Affaires Étrangères, ce rapport de monitoring est déjà en cours de discussion au conseil pour être amélioré avant d’être remis officiellement au gouvernement de la République centrafricaine.