Le Tchad, a exprimé cette envie de quitter la force multinationale mixte (FMM), dans un communiqué publié le 3 novembre 2024, par la Direction générale de communication de la présidence de la République du Tchad. Dans le communiqué, la présidence tchadienne dénonce une « absence de mutualisation des efforts ».
Un repli sur soi
Pays contributeur des troupes dans plusieurs organisations onusiennes, sous régionales et autres, le Tchad s’est rendu à l’évidence qu’il n’a pas de soutien à la hauteur de son engagement. Cette stratégie du président Déby se veut pragmatique et tranche avec l’option de feu son père qui prônait la diplomatie militaire.
Cette intention envisagée par le Tchad de quitter la FMM, s’inscrit dans un contexte où une base de l’armée tchadienne a été attaquée dans la région de Barkaram, une île située à l’ouest de Ngouboua dans le département de Kaya, près de la frontière nigériane, le 27 octobre 2024, causant plus d’une quarantaine de morts dans les rangs de l’armée tchadienne dont le commandant du détachement. Cette attaque a été attribuée au groupe djihadiste de Bokom Haram.
Créée en 1994 par la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) pour lutter contre la criminalité, la force multinationale mixte s’est réorientée en 2015 vers la lutte contre Boko Haram. Cinq pays font partie de cette organisation, à savoir le Cameroun, le Niger, le Nigeria, le Tchad et le Bénin.
Cependant, la FMM est très peu opérationnelle. Depuis le 30 octobre 2024, le président de la République Mahamat Idriss Deby Itno s’est rendu dans la province du Lac Tchad et dirige personnellement l’opération dénommée (Haskanite), d’après le communiqué de presse de la Direction générale de communication de la présidence de la République.
« L’opération Haskanite poursuit plusieurs objectifs entre autres la traque des assaillants dans leurs dernières cachettes, la réorganisation du dispositif des Forces de Défense et de Sécurité, la protection des citoyens pour éviter un autre Boko Haram à Barkaram et le retrait du Tchad de la Force Mixte Multinationale, compte tenu de l’absence de mutualisation des efforts, constatée. comme toujours malheureusement sur le terrain, face à cet ennemi commun ».
La force multinationale mixte (FMM) a été fondée dans le but de rassembler les efforts et les intelligences, mais elle semble être en pleine hibernation. L’attaque de Boko Harram montre que malgré l’investissement du Tchad à renforcer ses systèmes de défense, il n’en demeure pas moins qu’il y a des signes de fragilité au point de miser sur des organisations qui au retour, ne songent pas à l’aider.
