Amnesty International exige que le président Félix Tshisekedi renonce aux projets d’exécutions à Angenga et appelle à un moratoire sur la peine de mort, alors que plus de 170 condamnés ont été transférés sans information claire sur leur statut.
La situation en RDC suscite de vives inquiétudes suite aux annonces concernant le transfert de plus de 170 hommes condamnés à mort vers la prison d’Angenga, un établissement notoirement connu pour ses conditions inhumaines. Sarah Jackson, directrice régionale adjointe pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International, a exprimé son choc face à ces transferts en qualifiant la perspective d’exécutions massives «d’alarmante». Dans ce contexte, elle a exigé que le président Félix Tshisekedi renonce publiquement et sans ambiguïté à toute exécution prévue dans ce centre pénitentiaire ou ailleurs en RDC. Elle a également appelé le Parlement à établir un moratoire sur les exécutions en attendant une abolition définitive de la peine capitale.
Le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a récemment justifié ces transferts en affirmant qu’ils ciblaient des individus associés à des groupes criminels, souvent désignés par le terme « Kulanas ». Ces personnes, âgées de 18 à 35 ans, seraient soupçonnées l d’avoir participé à des violences urbaines. Cependant, les autorités n’ont fourni aucune preuve substantielle pour soutenir leur affirmation selon laquelle la reprise des exécutions contribuerait à déraciner les gangs urbains. Mutamba avait déjà menacé de lourdes peines, y compris de mort, contre ceux soupçonnés d’être liés à ces bandes, et ce, avant même qu’un procès ait eu lieu.
Depuis mars 2024, après deux décennies d’interruption, le gouvernement congolais a annoncé la reprise des exécutions, augmentant ainsi les condamnations prononcées par des tribunaux militaires, souvent dans des conditions considérées comme iniques. Amnesty International, qui s’oppose catégoriquement à la peine capitale sous toutes ses formes, a souligné la nécessité de cesser les transferts massifs vers des prisons reculées, comme Angenga, où des détenus ont déjà succombé à la faim et aux maladies. L’organisation a insisté sur le fait que tout transfert doit permettre aux avocats, aux familles et aux défenseurs des droits humains d’accéder facilement aux détenus et d’être informés de leur situation.